Une semaine en Haute-Maurienne - 22 au 29 août 2020
La Haute Maurienne pourrait être à la Savoie ce que la Corse est à la France : un îlot préservé avec ses villages d’altitude de Bessans et Bonneval-sur-Arc.
Au programme, la vallée du Ribon, puis les balcons du Carro, pour cotoyer les grands sommets et les bouquetins de la Vanoise. Cet itinéraire se voudra à la fois marqué par le caractère montagne et également particulièrement adapté à nos joëlettes avec les courtes étapes qui le constituent.
1er jour : samedi 22 août - Pour notre séjour Haute Maurienne, tout le groupe se retrouve au lieu de rendez-vous au camping Illaz à Bessans. Nos 4 passagers sont Martine et Yolande, Kévin et Lionel, pour qui les séjours HCE n’ont aucun secret, c’est même la 2ème fois que Lionel participe au séjour Haute Maurienne, et nos 2 « Handis marchants », Henri et Vivien. Si Henri sait à quoi s’attendre, Vivien ira de surprises en surprises pour ce 1er séjour.
Le reste du groupe est bien équilibré, Laetitia qui parle à l’oreille de Mainon,
Virginie et Christelle, -qui se révèleront autant à l’aise à l’aide à la joëlette que pour la préparation des repas-, nos deux lycéens Sylvère et Octave -qui ont su nous impressionner par leur présence bienveillante et efficace auprès des passagers et par le maniement des joëlettes-. Les « petits nouveaux », Alexia et Fred -qui ont su trouver leur place dès les 1ères heures-. Et les « anciens » plus ou moins anciens, Victoire, Myriam, Alix, Antoine, Jean-Patrick et Luc, autour de notre AEM Didier et de Claire notre intendante.
Tout le monde est enfin réuni pour les traditionnelles présentations (tout le monde ??? pas vraiment, un mystérieux Edouard se fait attendre…).
Le 1er repas du soir se fait sous les étoiles, nous rappelant que nous sommes à la fin de l’été et que les jours raccourcissent. Les marmottes sifflent mais ne se laissent pas voir pour le moment.
23 août - Le début de la journée se fait sur un terrain bien roulant. Cela permet aux néophytes de se familiariser un peu avec la joëlette, et de comprendre notamment le subtil équilibre qu’il faut maintenir à l’arrière. Nous visitons rapidement le village de Bessans, et commençons à monter en direction de la vallée du Ribon. Le chemin n’est « pas très élégant » selon Didier, mais nous permet de prendre tranquillement de l’altitude…si tranquillement que nous mettons un bon moment avant de nous apercevoir que Virginie n’est pas avec nous et qu’elle ne nous a pas suivis après ses achats à Bessans. Pas de quoi paniquer Didier qui nous démontrera au cours de la semaine qu’il sait rester d’un calme à toute épreuve. Virginie retrouvée, nous continuons la montée jusqu’à une rivière où nous nous arrêtons pour le pique-nique.
Et l’après-midi se poursuit tout aussi tranquillement dans la vallée du Ribon, entre les chalets en toits de Lauze et les marmottes qui se laissent bien prendre en photo. Nous arrivons sur un lieu de "camping sauvage" en face de chalets en ruine, qui impressionnent Myriam au point qu’elle n’ose pas y accrocher son hamac pour la nuit…
Vivien fait une découverte qui marquera son séjour : on peut se laver les dents en pleine nature, sans salle de bain, ni miroir, heureusement qu’il a droit à des conseils bienveillants pour mener à bien cette périlleuse tâche. Il en reparlera jusqu’à la fin, quelle aventure !
Le montage du tipi est un peu laborieux, c’est une 1ère pour certains, mais il se révèlera bien confortable pour ceux qui décident d’y dormir cette nuit. Les tarps sont également montés et certains courageux dorment à la belle étoile, récompensés par un spectacle d’étoiles filantes.
24 août - La journée commence par une « promenade » bien roulante jusqu’au fond de la vallée, qui nous permet de voir marmottes, vaches et edelweiss… Nous évoluons au milieu de maisons en pierres plus ou moins rénovées. Le terrain est facile, Kevin en profite pour marcher un bon moment bien entouré.
L’ambiance de groupe devient de plus en plus joyeuse, notamment avec un concours de contrepèteries, d’un niveau plus ou moins fin… -nous ne pouvons malheureusement pas retranscrire dans ces lignes la teneur de nos conversations…
Et c’est à ce moment-là que vient à notre rencontre un jeune homme charmant tout sourire : nous avons retrouvé Edouard !! Cela valait le coup d’attendre, Edouard s’intègre au groupe en 5 min, trouve sa place, et saura même faire le tour des prénoms le lendemain, sans une erreur…
Jusqu’à maintenant, le parcours avait été plutôt facile, laissant croire à nos nouveaux arrivants que l’on se déplace en joëlette comme en trottinette… Heureusement, le parcours devient plus intéressant, et « élégant », sur un sentier en dévers, ponctué de marches, racines et autres cailloux.
Le lac de Bessans promis par Didier et en réalité à sec, qu’à cela ne tienne, on nous annonce d’autres baignades.
La descente est carrément technico-ludique et se termine par des marches taillées dans la roche. Certains doivent se concentrer particulièrement, notamment Laetitia qui ne peut comprendre les phrases complexes lorsqu’elle est à l’arrière d’une joëlette sur un terrain engagé…
Cela n’entame en rien la confiance que nous font nos passagers, qui restent d’un calme impressionnant, malgré les secousses qui mettent sans doute à mal les cervicales.
Nuit du 24 au 25 août
Jusqu’ici, Mainon avait été bien sage… mais cette nuit, sa longe s’est rompue. Il a mangé le pain sans gluten que Claire s’était préparé (il a bon goût l’animal) ; puis est parti se balader vers Bessans. Didier reste calme, part à sa recherche de bon matin, et le ramène sans difficulté.
25 août - Départ ce matin pour 3 jours dans le parc National de la Vanoise. Nous commençons par une visite du joli village de Bonneval sur Arc, à 1800m d’altitude, avec notamment son église et ses ruelles piétonnes, les maisons de pierre, très fleuries, ses épinards sauvages, une vraie carte postale. C’est d’ailleurs dans ce décor qu’avaient été tournés les films de Belle et Sébastien. Nous nous arrêtons dans ce décor très photogénique pour la traditionnelle photo de groupe.
Des transferts assez complexes de véhicules et la logistique pour 3 jours d’itinérance nous obligent à pique-niquer sur un parking pas vraiment bucolique, mais le décor grandiose en arrière-plan nous fait oublier les voitures.
Les choses sérieuses commencent avec une belle montée élégante, comme Didier les aime. Un couple de personnes âgées nous arrête en plein effort pour nous signaler que le chemin que nous empruntons est « impossible », nous répondons que c’est la raison pour laquelle on y va…
Ce n’est pas impossible grâce à la cohésion du groupe qui permet de passer les pierriers et les gros rochers joëlette par joëlette. Mainon a plus de difficultés, mais trouve son itinéraire en dessous du « sentier ».
On pousse, on tire, et on arrive finalement au plan des eaux. Le lieu est grandiose (2600m), avec les glaciers de l’Albaron en toile de fond. Nous débattons pendant un moment pour déterminer l’endroit le moins venté pour installer le tipi. Grand luxe : le repas (crozets/beaufort) pris en cercle dans le tipi est convivial, il nous permet d’être à l’abri du vent.
La nuit est épique, entre les bourrasques de vent qui menacent de décrocher nos tarps (et décrochent effectivement celui de Fred), le bruit des tendeurs dignes de bruits d’hélicos, et surtout le vent dans les toiles du tipi qui en impressionne plus d’un. Quand la nuit se termine enfin, nous nous rendons compte que le vent a tordu le mât du tipi, peu d’entre nous ont pu fermer l’œil. Certains ont eu la bonne idée de sortir du tipi et d’aller finalement dormir dehors, ils auront sans doute passé une meilleure nuit que ceux qui étaient abrités.
26 août - Le grand vent a eu le mérite de garder le ciel clair, le lever de soleil que certains ont pu observer est magnifique. Ce matin, 5 courageux redescendent vers le camion pour récupérer des denrées et aller reposer ce dont nous n’aurons plus besoin pour la nuit en refuge, cela nous permettra de voyager plus léger et de soulager Mainon qui montre de sérieux signes de fatigue. Le reste du groupe part tranquillement sur un chemin encore bien roulant, le paysage est encore une fois grandiose, on dirait une pub pour HCE…
Nous retrouvons nos 5 sportifs, en même temps que Thierry, un garde national du parc de la Vanoise, et son jeune acolyte Benoît, qui nous donneront d’intéressantes informations sur le parc, sa faune, sa flore, le loup et les éleveurs… Ils nous aideront également dans notre trajet jusqu’au refuge, merci à eux. Le pique-nique se fait au bord d’un magnifique lac, certains osent se baigner dedans et nagent même. Bravo !
La montée vers le refuge du Carro est encore une fois élégante et intéressante, mais finalement plus facile qu’hier et nous arrivons sans trop de difficultés. Certaines pierrasses (néologisme formé du mot « pierre » et « c….asse ») ne nous facilitent tout de même pas le cheminement.
Le lieu du refuge est magnifique, posé entre 2 lacs d’altitude, dont les couleurs sont différentes. Nous arrivons suffisamment tôt pour nous poser, faire honneur à la bière locale, préparer le repas du lendemain, et profiter du repas préparé par les gardiens du refuge, dont la qualité n’a rien à voir avec les bons repas de Claire, mais repos pour elle ce soir.
Le gardien nous offre du Limoncello, et nous propose même de garder la fin de la bouteille, Edouard ayant triché d’un jour sur sa date d’anniversaire.
Une partie du groupe reste à chanter un peu, pendant que certains profitent du spectacle magique du coucher de soleil depuis la terrasse. D’autres vont se coucher, dans de vrais lits, quel luxe après la nuit tourmentée de la veille ! Cette nuit en refuge est vraiment appréciée de tous ceux qui ont la chance de dormir loin des ronfleurs.
27 août - Ce matin, nous laissons les sacs au refuge pour aller voir les lacs de plus près. Encore une fois c’est magnifique, nous mesurons la chance que nous avons d’avoir un temps superbe, la séance photo s’impose.
La descente qui suit est longue, mais assez facile, le lieu de pique-nique est encore une fois magnifique, avec une rivière qui attire certains courageux (ou fous ?). L’eau à 11 degrés ne fait pas peur à certains qui s’y baignent donc totalement.
Nous descendons jusqu’au hameau de l’Ecot. C’est l’occasion pour Sylvère d’avoir un cours de pratique de la joëlette, il descend courageusement jusqu’en bas avec une Laetitia en formatrice exigeante mais très compétente… Octave et Silvère inventent tout un vocabulaire pour définir les difficultés rencontrées par une joëlette : « single » = une marche, « doble » = 2 marches, « muret » = grosse grosse marche, « chelou » = bah, qu’on ne peut pas vraiment décrire… Cela rejoindra la « pierrasse » dans le vocabulaire inventé du séjour.
La visite du hameau de l’Ecot se fait rapidement, ce n’est pas vraiment adapté, mais cela nous permet de nous rendre compte de la spécificité de ce joli village de fond de vallée, où certaines traces d’anciens glaciers sont bien visibles.
Nous arrivons plus tôt que d’habitude au camping, ce qui nous permet de préparer le véritable anniversaire d’Edouard, et de passer une soirée conviviale et musicale. Nous faisons la connaissance de Patricia, qui vient s’initier aux joies de l’intendance. Elle nous fait le plaisir de sortir sa cornemuse pour accompagner Antoine et Myriam à la guitare, pour la « ballade nord irlandaise » de Renaud.
C’est un de ces petits moments précieux et hors du temps qui restent dans les mémoires. Merci Patricia.
28 août - Nous repartons en ce dernier jour en passant par Bessans, sur un itinéraire très facile, en remontant la vallée du Charbonnel. Nous nous essayons aux chants en canon entre les différentes joëlettes, ce qui n’est pas très concluant…
L’organisation parfaite de Didier a su retarder la pluie jusqu’à quelques minutes après le pique-nique. Nous essuyons de grosses averses, mais pas de quoi effrayer passagers ou accompagnateurs, Myriam décide d’ailleurs de ne pas sortir son kway… pour ne pas le mouiller, pas bête.
Nous arrivons au camping sous la pluie, mais pouvons profiter de la salle Hors Sac, qui nous permettra de passer notre dernière soirée au sec.
Lors du traditionnel tour de table, certains n’avaient pas réalisé que les séjours avaient été sur le point d’être annulés, ce qui les rend encore plus précieux pour la plupart d’entre nous–passagers et accompagnateurs- qui n’envisagent pas un été sans HCE. Nous échangeons nos impressions, nos émotions, nos remerciements, nos émerveillements.
29 août - Lever très matinal pour permettre à Didier et Claire d’emmener le camion à 8h30 pour préparer le séjour Corse, et dispersion du groupe, avec beaucoup d’émotions pour certains.
Merci à Didier et à Claire, et à chacun de nous faire vivre sur un nuage, en dehors du monde et du temps, la magie HCE perdure, pourvu qu’elle dure encore longtemps !