Sous Les Falaises Des Fiz
C’est parti pour l’aventure. Notre camp de base est installé à Plaine Joux à Passy (1350m).
Des chaussettes et des semelles sèchent dans le camion HCE. La pluie a surpris les dormeurs à la belle étoile, et a pris de court le groupe lors de la première journée d’initiation en Joëlette. Cela ne nous empêche pas d’aller à la découverte du Lac Vert.
Comme nous avons commencé par le difficile, tout nous paraît simple : ranger nos sacs sous le tarp en moins de 25 secondes (record mondial), déplacer la table 3 fois par jour, faire sécher notre garde robe sur les Joëlettes…
Vous imaginez notre décor : un K-way, un arbre, une bâche, oh ! le Mont Blanc !, un pantalon, tiens Jérôme ! pourquoi à chaque fois que t’es dehors il pleut ?
Cette pluie nous rapproche, nous mangeons tous ensemble sous le marabout, le vin d’orange de Gérard et le jus de pomme de Jean Pierre nous réconfortent.
Une nuit humide plus tard, nous partons pour 5 jours de bivouac. Puisque le soleil ne se montre pas, nous partons le chercher. C’est de bonne augure, le Mont Blanc nous regarde.
Nous grimpons dans une ambiance feutrée direction les chalets de Moede, nous sommes entrés dans un brouillard qui a décidé de ne pas nous laisser repartir. Isolés du monde, nous ressemblons à un convoi itinérant en direction de nouvelles contrées. On grimpe une sacrée bavante dixit Vincent. Il va falloir du courage pour arriver là haut.
Le train s’arrête au hameau d’alpage des Ayères des Rocs où nous retrouvons un guide de la Réserve Naturelle qui nous parle d’oiseaux : le fameux gypaète barbu, le plus grand rapace d’Europe !
Mais le brouillard s’épaissit et il commence à tomber quelques gouttes. Le guide nous rassure, « il ne pleut pas, c’est la condensation du brouillard ». « Condensation mon cul » nous glisse Karine, et elle a raison, en peu de temps il tombe déjà des trombes d’eau.
Didier, un de nos deux AEM, nous change les idées : « vous verrez, au programme du mardi, on papillonnera partout », quel poète !
Nous nous arrêtons bivouaquer près d’un refuge. On se pose enfin et on prépare la nuit. Il faut construire un plancher pour les lits de Karine et Laurence, Martin est là pour diriger le chantier. Maëlle, en future ergothérapeute, nous livre de précieux conseils.
Vincent jeune (ce qui sous-entend un Vincent vieux !), notre benjamin, est toujours présent pour préparer les repas. C’est même lui qui très souvent prend le bidon dans son sac, la relève est assurée ! Il est accompagné de sa mère, Jacqueline, qui fait preuve d’une grande force et nous aide bien à tirer les joëlettes.
Un peu comme Bertrand, qui n’hésite pas à repartir en courant pour aider les suivants : une force de la nature dont on peut être fiers !
L’intendance est au top, on mange des bananes séchées, de la fondue au chocolat, de la crème végétale à la pistache, du gâteau aux fruits rouges, de la compote déshydratée... Merci à ce beau binôme mère/fille, Marie-Sylvie et Madeleine. Ce soir, nous avons même un pad thaï en plein bivouac !
Manger chaud est un luxe, et se mettre assis dos à dos pour s’appuyer relève d’un confort absolu. « C’est pratique un homme », je déclare.
On profite même de ce dîner pour faire le rite des concombres par notre sauveur Didier.
Après une bonne nuit, on se prépare pour une grosse journée. T shirt, mitaines, chapeaux, crème solaire, on se l’étale pour être sûr de bien être protégé. « Je pourrai être ta grand mère » me dit Marie-Sylvie, notre intendante.
C’est pas faux, notre groupe est hétéroclite, et il se nourrit des qualités de chacun pour avancer. « On est une équipe de rugby, on gagne, on passe et on gagne » dira Luc, en conclusion du séjour. Il aura bien raison.
La montée est très dure jusqu’au col d’Anterne (2257m), on met deux équipages pour faire passer une seule Joëlette pour les 50 derniers mètres de dénivelé.
On descend au lac d’Anterne et on prend un repas bien mérité. La sieste est unanime, plus de bruit sur le camp.
Le retour commence à être difficile lorsque des jeunes viennent nous aider à tirer les Joëlettes ! « C’est l’effet concombre ! » entonne Martin. La descente se fait rapidement, le soleil d’aujourd’hui nous redonne le moral.
Une sortie plus tranquille (ah bon ?) mais plus technique nous attend aujourd’hui. Direction le Lac de Pormenaz (1950m). On a de la chance, Franck est à l’arrière et gère d’une main de maître. On s’enfonce entre des collines, sur de la mousse vierge, et traçons notre propre chemin sous l’œil avisé de nos deux guides. En effet, après quelques centaines de mètres, de gros rochers nous toisent : « on cherche que ça, la galère » résume Laurence. La force du groupe me porte, je me remotive : on s’y met à 8 et on passe. Un peu galère, mais on passe. Des passages difficiles et étroits ouvrent l’esprit de Marie : " On veut à tout prix aider mais parfois aider c’est ne rien faire ; pensons à communiquer". Sur ces mots, nous accueillons avec enthousiasme le repas du jour avec une vue magnifique sur le lac.
Nous avons même droit à des consultations personnalisées par Mireille et Marie-Sylvie, anciennes infirmières, qui ont emmené avec elles des infirmeries digne d’un hôpital. J’ai droit à des antibiotiques, et les coups de chaud du jour prennent leur remède.
Notre dernière randonnée nous amène dans la vallée de Villy. Nous partons, « les pieds en 4x4 » souligne Mélanie, pour la réserve naturelle.
On nous demande une certaine quiétude (chut, chut, chut Mélanie !) lorsqu’on s’enfonce dans les montagnes vierges de traces humaines. Les montagnes nous paraissent irréelles. Partout des sommets verts, un ruisseau serpente sur l’herbe, suspendu, et tombe dans la vallée. Au loin des montagnes rouges, et au dessus de tout, majestueux, le Mont Blanc et ses pairs veillent sur notre caravane. Nous prenons un temps pour manger dans ce décor de rêve et nous faisons la sieste à 22 sous un tarp.
Sous un beau soleil, dans le vent qui nous ramène la fraîcheur des sommets, les pieds dans l’herbe, c’est un de ces moments qu’on n’oublie pas. Si je ferme les yeux, je crois que je peux encore me rappeler la sérénité que j’ai ressentie, allongée sous un tarp avec mon équipe de 22 que je ne connaissais pas il y a 6 jours. HCE rassemble comme je ne l’ai jamais vu. Que c’est bon !
Nous traversons des vallées fleuries et redescendons au bivouac. C’est notre dernière nuit au sommet. Déjà.
Madeleine sait comment nous remonter le moral, en entonnant « les cornichons », chanson spéciale devenue l’hymne du camp. Avec Agathe, on crée une confrérie des ponchos, dont le mot d’ordre est « poncho ! » que nous chuchotons à tout le monde. Non, HCE ne rend pas fou.
Nous quittons le bivouac une dernière fois et montons les 100 mètres de dénivelé quotidien qui nous mènent au refuge le plus proche. Gare aux randonneurs qui croisent notre chemin, nous les invitons à tester la Joëlette et de s’intéresser à l’association. Nous réussissons à former quelques adeptes. Valentin, notre AEM, nous propose d’essayer de nouveaux chemins, de quoi pimenter l’après midi. Nous voilà en pleine forêt à zigzaguer entre les rondins. Qu’il est heureux de nous amener sur cette terre qu’il aime tant !
Notre camp se finit avec un touchant tour de table et un dernier dîner, avec des fajitas au menu ! Marie-Sylvie (Maritas pour les intimes) et Madeleine nous auront régalé jusqu’au bout !
A l’année prochaine, HCE !
Charlotte