Randonnée dans les Carpates roumaines du 13 au 26 juillet 2013

25 janvier Reportages

C’est un monde à part qui va petit à petit se dévoiler à nous tandis que l’on gravit des sentiers parfois bien raides ou que l’on se fraie un chemin au sein d’épaisses forêts. La nature est belle dans les Carpates roumaines, mais nous allons aussi faire de belles rencontres qui vont rendre ce séjour particulièrement intéressant.

Petite présentation de l’équipe : Pascale, Bernadette, Evelyne, Damien, comme passagers joëlette et Hervé, le champion des culbutes sans même une égratignure. Damien et Bernadette vont souvent se dépasser pour arriver à pied au sommet des cols. Pascale nous encouragera avec son beau sourire et Evelyne, l’artiste, ne lâchera pas son crayon lors des pauses sauf pour dompter les chiens de bergers.

L’encadrement est assuré par le beau binôme franco-roumain : Olivier et Ana. Pas étonnant qu’ils s’entendent bien ces deux là !

Le reste de l’équipe est constitué d’habitués que vous n’aurez pas de mal à reconnaître. Voyons maintenant un peu le décors de ces deux semaines de découverte d’un joli coin de Roumanie. Ce dessin d’enfant est très représentatif de notre premier hébergement au refuge Salvamont (l’association des secouristes en montagne) à Padina, dans le massif de Bucegi.

Vous l’avez compris, il y aura de belles forêts, de beaux sommets, des moutons et des bêtes sauvages que par chance nous ne rencontrerons pas. La Roumanie abrite la population d’ours, de loups et de lynx, la plus importante d’Europe et la vie pastorale reste importante. Ce qui n’est pas représenté sur le dessin d’enfant, c’est la "bere", toujours bien appréciée après nos randonnées. Premier soir, premières bières, on découvre "ursus" et Ciucas". Il y en aura bien d’autres, mais on ne va pas tout vous raconter...

Le séjour débute donc à Padina dans le confort du refuge Salvamont où nous sommes remarquablement bien accueillis par Mircea et Doina. On commence à découvrir la délicieuse cuisine roumaine car nos hôtes vont, comme ceux qui vont suivre, tout faire pour nous faire goûter les spécialités locales. Les petits déjeuners avec tomates, concombres, poivrons, purée d’aubergine, omelette, fromages, charcuteries locales, confitures maison.... resteront en mémoire.

La première randonnée débute plutôt tranquillement sur les contreforts de Bucegi, histoire de tester les freins de joëlette, les premières soudures...et les pilotes.

Deuxième jour, c’est du "costaud" car nous quittons notre nid douillet pour deux jours avec comme objectif l’ascension de l’Omu, point culminant du massif à 2 500 m d’altitude. On commence par tricher un peu en empruntant le télécabine qui va nous déposer sur le plateau. On se retrouve au milieu des randonneurs roumains qui apprécient ce lieu chargé de mystères. Il faut dire que la pluie et le vent ont taillé d’étranges sculptures qui ont engendré au fil du temps nombre de légendes. Nous aurons d’ailleurs le plaisir de les entendre raconter par Ana lors de nos pauses. Nous découvrirons donc ces lieux étranges, chargés d’énergie, avec les formes calcaires appelées "babele" et "Sfinx".

La suite se complique un peu avec des sentiers qui deviennent plus "ludiques". Nous enchaînerons aussi quelques belles grimpettes avant d’atteindre le refuge de l’Omu juste avant l’arrivée de la pluie. Il faut dire que notre équipe a été renforcée par trois jeunes roumains et un jeune indien qui se rendaient à Busteni, en passant par l’Omu et qui nous ont aidé de manière bien efficace. La randonnée devient internationale ! Un grand bravo à Damien qui effectue la dernière montée à pied !

La soirée en altitude sera marquée par la rencontre avec Corina, météorologue qui travaille à la station météo proche du refuge. Elle passionne l’auditoire et déclenche des vocations de météorologue. Damien, en particulier se verrait bien faire un petit stage à la station météo...

Comme il pleut, toute l’équipe dort sagement dans le dortoir. Les premiers réveillés apercevront les chamois proches du refuge. Nous sommes chanceux et le beau temps revient pour la descente annoncée comme "un peu technique".

Un petit arrêt pour s’approvisionner en eau et en génépi et nous attaquons la descente un peu chaotique. Nouvelle panne de frein qui nécessite d’astucieuses ligatures pour remplacer la pièce cassée. Heureusement que nous avons des spécialistes avec Olivier et Yann !
La descente reprend entre les blocs et les pierres avant de faire la pause dans un site magnifique au pied de cascades.

Nous sommes heureux de retrouver le confort du refuge Salvamont pour un dernier soir et surtout nos amis Mircea et Doina. L’anniversaire de Yann sera fêté dignement avec quelques bières et de la tuica (eau de vie locale) et même des "papanasi" (délicieux gâteaux roumains) préparés par Doina. Demain matin, nous devons nous lever un peu plus... et oui le petit déjeuner sera à 07H30 ! Séparation un peu émouvante avec Mircea et Doina avant de partir pour le village de Simon puis pour le refuge de Curmatura (au pied de Piatra Craiului).

Il faut d’abord avaler la rude montée jusqu’au col de Strunga (1 909 m d’altitude). Nous profitons largement de la pause en haut du col puis de l’autre côté du col. Olivier nous avait annoncé une petite descente en forêt avant de rejoindre Simon, sauf que....nous nous dirigeons plutôt vers Moiecu de Sus et que Simon se situe dans une autre vallée.

Pas de panique, on prend le temps de regarder comment on transporte le foin, on demande notre chemin, on reprend un peu d’altitude à travers les champs bien fleuris, on enchaîne montées, descentes, montées, descentes jusqu’à la nuit. Nous ne sommes pas perdus, c’est juste que le chemin des crêtes était plus accidenté et plus long que prévu ! Arrivés à près de 22H00 à la pension, l’accueil est chaleureux malgré notre retard, la bière est fraîche et les truites grillées n’ont pas souffert de ce contretemps !

Un petit transfert et nous voilà dans les gorges de Zarnesti pour de belles grimpettes jusqu’au refuge de Curmatura. Au fait, qui avait présenté le séjour en Roumanie comme facile ?
La position allongée lors de la pause serait-elle le reflet de la fatigue ?

La pente devient un peu plus sérieuse lorsque nous quittons les gorges pour une belle forêt. Une petite pause dans une clairière face au refuge et nous voici dans un cadre exceptionnel. L’accueil aussi est exceptionnel car Reta et Vassile qui gèrent le refuge sont particulièrement émus à notre arrivée. Il paraît que nous avons redonné du courage à des randonneurs !

Après une agréable soiré et une nuit paisible (au moins dans le dortoir des filles !), nous quittons ce petit paradis (là encore les séparations avec nos hôtes sont émouvantes) en empruntant un sentier parfois un peu raide dans une belle forêt. De nombreux randonneurs montent au refuge de Curmatura pour le week-end. Ils sont un peu étonnés. Alors nous leur laissons un flyer avec l’adresse du site.

On remonte par la piste dans la vallée d’en face, pour atteindre le village de Magura où nous resterons deux jours, à la fois pour profiter du confort de la pension d’Adriana et de Gheorghita, de la bonne cuisine d’Adriana (miam miam les gâteaux et les délicieuses "sarmale") mais aussi pour nous imprégner des paysages paisibles, tout en rondeurs de Magura et de ses environs.

Nous retrouvons Angelo (adhérent de l’association de longue date vivant en Roumanie ) et ses amis roumains qui vont nous accompagner pour l’ascension du col Joaca à 1440 m d’altitude. Nous profitons largement des beaux paysages qui s’offrent à nous car les 400 m de dénivelé sont vite avalés. Nous faisons connaissance en chemin avec un professeur d’économie ( Teodor), alors qu’il se promène avec une charrette à cheval. Il est très intéressé par notre activité de randonnées partagées et nous invite à venir découvrir son jardin le lendemain.

Nouveaux moments d’émotions pour quitter la pension d’Adriana et nos amis roumains. Nous partageons quelques moments sympathiques avec Teodor, dans son jardin avant de nous diriger vers un col sans nom qui avait attiré le regard d’Olivier. La montée à travers les prairies fleuries sera rude, mais en haut, un spectacle nous attend avec des départs de parapentes.

Dommage, la descente pour rejoindre Zarnesti, depuis le col, s’avère trop pentue et difficile. Nous retournons donc à Magura pour emprunter le sentier "des nains" qui permet de rejoindre la vallée. C’est dimanche, les Roumains s’adonnent à un plaisir simple et convivial : le "picnic" le long de la rivière. Ils font de petits feux pour griller de la viande, accompagnée de tomates, d’oignons, de concombres et de bières légères. Nous croisons donc pas mal de véhicules sur la piste qui mène à Zarnesti. La montée vers Padina Hotarului où se trouve la maison d’Ilie, (l’ami d’Ana qui assure notre logistique depuis le début du séjour grâce à son véhicule 4X4 et à sa remorque), sera plus tranquille.

Nous voici dans un nouveau petit paradis au pied de Piatra Craiului mais sur la face opposée à celle du refuge de Curmatura.

C’est là que nous allons rester jusqu’à la fin de notre séjour roumain. Elie nous accueille de manière traditionnelle avec de la "palinca" (eau de vie un peu plus alcoolisée que la tuica).

Le lendemain, nous partons pour un bivouac au dessus de la vallée de Plaiul Foii. Nous n’avons pas d’âne pour transporter nos affaires. Qu’à cela ne tienne, Elie nous rejoindra en moto avec tout ce qu’il faut pour la soirée. Il nous a même confectionné des piques à brochettes en noisetier. Il nous avait déjà, avant notre arrivée, préparé des tables ! C’est donc un repas et une soirée inoubliables qui nous attend au pied de la belle crête de Piatra Craiului. Même la lune a fait des efforts pour nous : c’est la pleine lune. Les ours n’oseront pas pointer le bout de leur museau !

Retour chez Elie, en passant par le monastère de Chiluilor (aïe, ça grimpe encore tout droit dans la pente !). Ilie, le motard providentiel nous livre bananes et prunes juste avant la faim qui nous guette. Au retour chez lui, nous avons droit à une autre délicieuse spécialité, la "bulch", boule de polenta, contenant du fromage de brebis, passée au barbecue.

On pensait même ne plus avoir faim le soir. Mais non ce n’est pas possible car il y a comme toujours une délicieuse soupe (chaque soir différente), des truites cuites au barbecue arrosées de vin blanc et encore un délicieux gâteau à découvrir !

Sans qu’on s’en rende compte les deux dernières journées sont arrivées avec au programme : la visite de la réserve des ours près de zarnesti où des ours traumatisés par les hommes finissent leur vie paisiblement, la participation aux travaux de fauchage et de ramassage du foin, la visite de la ville de Brasov et la dernière soirée festive dans un restaurant de Brasov.

Que restera t-il dans nos mémoires ? les beaux paysages, l’accueil si chaleureux, la vie simple mais rude des paysans roumains, les belles rencontres parfois cocasses (du berger au professeur, en passant par nos hôtes, la météorologue ou plus simplement la vendeuse de framboises qui refuse notre argent en échange de ses framboises), l’amitié et la solidarité qui ont soudé tout le groupe....

C’est certain, pour tous cette randonnée nous a donné envie de revenir en Roumanie. Peut-être faudra t-il chercher le "passage secret". Voici un texte traduit du roumain que nous a donné Ana et qui s’applique plutôt bien à nos activités :

"Le passage secret, c’est creuser son tunnel à la recherche de la lumière, c’est enlever patiemment, obstinément les obstacles, un à un, sans douter de la direction. c’est s’arrêter parfois et écrire une chanson, c’est le souvenir partagé de cette traversée, c’est avoir la confiance que la nuit trouve à chaque fois son chemin vers le jour."

Merci Ana, merci Olivier et merci à toute l’équipe "Carpates roumaines 2013" pour cette belle aventure partagée !
C’est certain, on n’attendra pas 10 ans pour revenir en Roumanie !!