En route pour la Cordillère Huayhuash, second épisode
Après l’acclimatation à l’altitude dans la Cordillère Blanche et un retour à Huaraz, l’équipe ne rêvait que de découvrir la Cordillère Huayhuash et ses sommets étincelants.
Vendredi 19 Juin
Huaraz(3080m)- Queropalca (3830m)
Un réveil matinal et nous nous retrouvons à 6h45 pour le petit déjeuner. Une omelette, des petits pains et quelques cafés plus tard et à 7h30 nous sommes dans le bus. Les sacs, les joëlettes et le ravitaillement sont embarqués dans un camion avec lequel nous ferons route.
Pendant environ 6h nous roulons à bonne allure sur des routes escarpées mais assez larges.
Nous ferons une pause pipi en plein virage, le chauffeur s’arrête à la demande et sans attendre, sans se poser de question !
Un peu plus tard, c’est à 4700m d’altitude, au vent et sous une averse que nous faisons une pause pique-nique, nous ne trainons pas, pressés de retourner au sec et au chaud dans le bus.
Après plusieurs franchissements de vallées et de village nous prenons une piste. C’est parti pour les sensations fortes ! Par chance notre chauffeur est virtuose pour éviter les ornières et gravir les lacets serrés... et même si parfois les roues sont près du vide, chacun gère son stress entre menthe poivrée et sieste !
Deux passages à gué un peu trop profonds nous obligerons à sortir du bus pour l’alléger, et après avoir empilé quelques cailloux ramassés dans le torrent, nous pourrons poursuivre notre route.
À 17h, nous arrivons à bon port, et déchargeons rapidement les véhicules car les chauffeurs font le retour dans la foulée.
Tout le monde s’attèle au montage du camp et nous voilà rapidement tous au chaud dans le tipi. Après un bon diner, chacun est ravi de trouver son « lit » chaud et douillet.
Samedi 20 juin
Queropalca (3830m), Janca(4200m)
C’est parti pour l’aventure Huayhuash !!!!
Petit déjeuner royal à 7h00 et à 8h00 nous voilà aux manettes des joëlettes. Une large piste nous mène à flanc de montagne, au plat « plus ou moins » montant le long d’une verte vallée. Quelques motos nous croisent et nous doublent et nous attisons la curiosité de quelques habitants des fermes que nous dépassons.
Ce sont des maisons en briques de terre séchée, avec des toits de chaume, sans fenêtre, juste une porte en bois. Des enclos en murs de pierres sèches accueillent les animaux (cochons, vaches, moutons, poules), parfois aussi en liberté dans les pâtures.
Un local à moto arrive en panique alors que nous grignotons sur le bord du chemin. Des taureaux « énervés » vont arriver, il faut évacuer dans le champ au-dessus. Les péruviens affolés se réfugient même dans les arbres ! En effet le troupeau, une dizaine de musculeux bestiaux, passe la bave au museau, menés par 2 cavaliers autoritaires.
Nous repartons tranquillement vers le fond de la vallée. Après un pique-nique au soleil et une petite sieste, nous terminons la rando en traversant quelques ruisseaux et tourbières humides.
L’arrivée au campement se fait en douceur, les muletiers ont tout installé et s’activent en cuisine. Certains vont se laver à la rivière en contrebas, l’eau est bien fraîche mais ça fait un bien fou de se débarbouiller !
Un merveilleux goûter nous a été préparé, des galettes frites fourrées au fromage à tremper dans du guacamole maison.
Quelques parties de cartes plus tard, quelques pages du journal de bord noircies, le dîner est servi. Une bonne soupe aux légumes, un riz-pollo accompagné de sa sauce, et tout le monde file au lit excepté quelques joueurs de bataille corse qui remplissent le camp de leurs éclats de rire.
Dimanche 21 juin
Janca (4200m), col de Carhuac (4640 m), lagune de Carhuacocha (4150 )
Sur les conseils d’Olivier nous ne petit-déjeunons pas trop copieusement. Enfin presque... Une omelette avec du fromage, un petit porridge de quinoa, et quelques tartines beurre-miel !
À 8h30 nous partons pour 150m de dénivelés très sportifs, on s’installe à 5 par équipe et les mulets à la corde doivent donner de l’énergie !
Nous arrivons au col avec vue dégagée sur le glacier. Viktor, notre photographe péruvien nous fait poser face au paysage, comme une impression d’être des alpinistes ayant accompli un exploit...mais ce sera dans quelques jours plutôt !
La descente reste sportive entre cailloux, ornières de moutons et herbe humide. Nous trouvons une prairie bucolique pour le pique-nique, tout le monde s’effondre au soleil pour une sieste bercée par les bêlements des agneaux loin de leur mère et les beuglements des petits veaux.
Nous redescendons à peine plus bas et tombons sur un panorama merveilleux : le glacier, une plaine humide et ocre ciselée de petits ruisseaux sombres qui plongent dans un lac bleu profond (Carhuacocha ). Nous resterons près de 30min en hypnose face à la vue.
Nous sommes ensuite vite au camp, tout installé par nos sympathiques muletiers et le soleil tombe vite après une rapide toilette à la fontaine d’eau fraîche qui est au bord du camp.
Un peu plus haut, un campement d’israéliens, en contrebas 2 toilettes turques dans un baraquement, le PQ dans un panier, la chasse d’eau avec un bidon rempli par l’eau pompée dans le lac.
Pendant la traditionnelle séance de filtrage de l’eau, nous profitons du grandiose panorama qui nous entoure, toujours les glaciers, le lac turquoise qui noirci avec la tombée de la nuit, les étoiles qui s’allument doucement tandis que les derniers rayons de soleil frappent les orgues du glacier.
Nous rentrons au chaud et grignotons les derniers pop-corn salés du goûter. Notre traditionnelle soupe arrive pour nous réchauffer, au quinoa ce soir. Ensuite le poulet aux légumes avec une montagne de riz. Le dessert est des plus original...des patates douces au sirop.
La soirée se prolonge en fous rires répétés, Florent et Vincent aux commandes d’une super animation blagues, devinettes et histoires drôles ! La palme revient tout de même à Joce avec sa blague belge...
Cela se passe en montagne, un guide emmène un couple belge en rando, l’année suivante les belges reviennent au bureau des guides et demandent le même guide mais ne se souviennent pas de son nom, l’hôtesse leur demande de le décrire... « Heu..un grand brun bronzé »...« Oui mais encore ? »... »Heu et bien il avait une particularité....il avait 2 anus ! »... « Ah bon ?!?! mais vous êtes sûr ?? »... « Bien sûr, pendant notre rando chaque fois qu’il croisait un collègue, l’autre lui demandait : Tu t’en sors avec tes deux trous-du-cul ? »
Lundi 22 Juin
Lagune de Carhuacocha(4150m)
Aujourd’hui c’est repos...enfin presque, la suite de la journée nous prouvera le contraire !
Le petit déjeuner est aujourd’hui accompagné d’une salade de fruits papaye/ananas frais. Nous laissons le camp en place et quelques muletiers nous accompagnent, armés de leurs cannes à pêche (un bambou ou une branche avec un fil).
Nous roulons à flanc autour du lac, traversant gués et boue et grimpons le fond de vallée très caillouteux entre arbustes et pierriers. Une ascension technique, ludique et fatigante ! Journée de repos... ;-) Il n’est pas possible de mettre les cordes, on aide sur les côtés aux brancards pour passer les grosses marches et coup de cul.
Arrivés à un 2e lac, tout le monde se jette sur son sachet de grignotages et sur les graines. L’effort ça creuse !
Nous décidons de monter au 3e lac, bonne initiative, il est encore plus beau ! La traversée du torrent sur de larges pierres nous offre un coin pique-nique au soleil, un peu à l’abri du vent.
Un massif rocher sert de dossier aux passagers. Au-dessus de nous, par un raide sentier, certains d’entre nous montent sur une crête grise qui nous surplombe. Et derrière la surprise est grande ! Un lac immense et turquoise, la vue sur les 2 autres que nous avons longés. Nous sommes tous en admiration et contemplation devant la magie du point de vue.
Après une bonne sieste, à peine perturbée par un plongeon involontaire et tout habillé dans l’eau trop fraiche de Jean-Paul et Mathieu qui se taquinent, c’est parti pour la descente. Un vrai slalom entre les cailloux, animé par les cris de la joëlette féminine et dynamique de Claire, faisant bien marrer Didier et Olivier qui la suive !
Au campement le goûter nous attend et chacun se détend après cette rude journée de repos. Les glaciers nous offrent encore le spectacle des illuminations, et cette nuit également le son, lorsque les blocs de glace s’effondrent à grands fracas.
Une soupe, un Pollo, et au lit !
Mardi 23 Juin
Lagune de Carhuacocha(4150m), col de Carnicero (4600m), Huayhuash (4350 m)
C’est une longue et belle ascension herbeuse qui nous attend. À 2 à la corde ou aux brancards, nous avalons progressivement le dénivelé. Nous persévérons, ça respire fort dans les équipages mais les pauses graines et grignotes nous emmènent au col où le vent souffle terriblement.
Nous redescendons un peu pour nous mettre à l’abri face à un superbe panorama pour pique-niquer. La redescente continue, jusqu’à notre campement en bord de torrent, le plus froid du trek à priori, la nuit sera fraîche et nous trouverons des glaçons sur nos tentes et les gourdes gelées au petit matin.
Mercredi 24 juin
Huayhuash (4350 m), Portachuelo de Huayhuash (4785 m), lagune de Viconga (4400 m)
Nous partons un peu plus tôt que d’habitude, 8h00 pétante, car nous voulons arriver tôt au campement suivant. Cette fois ci la montée est raide mais moins technique, et l’arrivée au col grandiose. Nous retombons sur un lac immense (de barrage) entouré de prairies verdoyantes.
Nous croisons enfin des lamas en troupeaux, un peu plus loin ce sera des alpagas.
Après le passage au « péage », la montagne n’est pas tout à fait à tout le monde ici, nous devons payer un droit de passage, nous plongeons sur la vallée des sources chaudes.
Nous retrouvons Catherine et Joce qui nous ont laissés ce matin. Joce se sentant un peu patraque elle a eu l’honneur de faire le trajet sur le cheval blanc qui nous accompagne et porte le pique-nique, guidé par Lucia chaque jour.
Nous déjeunons sous le tipi, les muletiers nous ayant installé les banquettes et la table si joliment !
Puis la détente...nous campons à côté de sources chaudes, 4 bacs, un robinet où chacun fait sa petite lessive puis l’étends sur la barrière de barbelés, le second bac est celui où l’on se lave, nous auront les cheveux propres ce soir et nos muletiers seront rasés de près ! Puis les 2 autres plus grands bacs, l’un plus tempéré que l’autre, sont l’espace détente. Nous y trempons jusqu’à être ramollis, les mains et les doigts de pieds flétris.
En sortant au vent froid nous arrivons à nous changer sans greloter, la chaleur emmagasinée nous servant de radiateur !
Une traditionnelle séance de pompage et filtrage d’eau et nous voilà en cercle pour le dîner.
Demain la Grande Journée !!
Jeudi 25 Juin, jour du 5000 !
Laguna de Viconga (4400m), paso de Cuyoc (5020m), Huanacpatay (4350 m)
Aujourd’hui, départ un peu plus tôt ! Nous avons une longue et belle ascension à gravir, les équipages sont bien répartis, les péruviens sont de bons moteurs pour l’énergie ! C’est parti pour souffler à fond...un sentier en lacets dans l’herbe, des traces de moutons...nous passons un petit replat dans un vallon avec un lac magnifique, nous approchons des glaciers sur lesquels les nuages glissent comme de la fumée.
Un dernier raidillon en suivant les cris de Jacky, tout le monde souffle !
Nous nous arrêtons à quelques mètres du sommet et c’est parti en effusions et embrassades. Les larmes nous montent aux yeux, on se saute dans les bras, on sèche nos yeux et ...nous partons tous ensemble, debout, pour franchir les derniers mètres qui nous mènent à 5000 !!!
Chacun regarde le chemin accompli, contemple les glaciers, ramasse un peu de sable, un caillou, s’assied dans ses pensées....
C’est le moment de la photo de groupe, avec et sans drapeau.
Olivier grimpe sur un champignon de caillou situé au col pour déposer la pierre ramenée de France en hommage à Cédric. Encore un bon moment d’émotion...
Le début de la descente est un pierrier très glissant. On met les chauffeurs techniciens aux manettes des joëlettes.
Puis une longue descente sur quelques km dans un beau vallon nous attend.
Nous croisons 2 lacs asséchés. Le second sera celui d’une pause pique-nique bien méritée. Nous finissons la descente dans une large prairie où nous traversons divers ruisseaux, tourbières et zones humides. Enfin le campement, tout le monde est fatigué mais heureux de cette belle journée.
Et.... ne manquez pas la suite du récit car cette belle aventure n’est pas terminée !