séjour du Haut-Verdon 2024
Ce séjour situé entre la Provence et les Alpes va se dérouler en itinérance dans une nature de caractère très préservée. Olivier et Emilio ont concocté un programme pour nous permettre d’accéder à des panoramas grandioses et des sites fabuleux, hors des sentiers battus.
Samedi 6 juillet
L’après-midi est incertaine, côté météo. Sur l’herbe rase du Plan, à deux kilomètres de Beauvezer dans le Haut-Verdon, un tipi, un tarp et un marabout nous permettent de nous protéger de la pluie qui va et qui vient.
L’équipée arrive au compte-gouttes durant l’après-midi et la soirée. Autour de la table pour le dîner, Olivier et Emilio qui organisent le déroulé du séjour ainsi que Céline l’intendante qui a préparé l’ensemble des provisions et menus exceptionnels de la semaine. Et puis il y a Max, Marius, Mathieu (TamTam), Salomé, Elliot, Denis, Félix, Maud, Dominique et Alix. L’ambiance est chaleureuse, serrés sous le marabout autour de notre premier repas. Charlot est quant à lui , en train de brouter dans son parc, heureux d’être à côté de nous.
Lors d’une accalmie dans la soirée, Dominique, Jean-Jacques, Matt Matt, Mayana et Martine arrivent rayonnants de leur traversée de la France en voiture. Nous sommes presque tous là, reste Nathalie, Marie et Julie qui arriveront demain. Nous faisons à la lumière du crépuscule, un tour de table pour se présenter. Nombreux sont habitués aux séjours HCE, pour d’autres c’est une découverte.
Sous le tipi, le marabout ou les tarps tendus, les couchages s’organisent au sec. Bien vite, seul le bruit de la rivière voisine, vient bercer cette première nuit du séjour dans le Haut-Verdon.
Dimanche 7 juillet
Dans la fraîcheur matinale et sous un ciel dégagé, le campement se réveille. Le groupe s’organise et prend ses repères pour que chacun accueille la journée en bonne forme. Café et thé fumants réveillent nos esprits. Aujourd’hui, c’est la journée initiation et remise en selle de la joëlette. Alors, tous autour et sur les joëlettes nous écoutons les conseils et techniques prodigués par Olivier et Emilio.
Puis nous partons sur un chemin large et faiblement ascendant. On retrouve ou découvre les sensations d’équilibre, les positionnements des mains et du corps dans la structure de la joëlette et l’importance de la communication dans l’équipe formée autour de la joëlette. Quelques merisiers, des maisons de pierre aux volets fermés, nous arrivons dans le village de Ondres. Cinq bancs en cercle autour d’une placette, nous accueillent pour une belle pause à l’ombre.
Après la montée, il est temps de se familiariser avec la descente ! C’est par un petit chemin tortueux et en sous-bois que nous retournons au Plan. Jeux de trajectoires et freinages en douceur, la technique est tout autre. Moins portée sur l’effort que l’attention. Au camp,, nous accueillons Nathalie et Marie qui ont vécu une aventure de leur côté à Grenoble du fait d’une panne de voiture. A l’ombre nous déjeunons avant de faire une belle petite sieste, éparpillés ici et là.
Pour approfondir le maniement de la joëlette, nous partons dans l’après-midi pour un autre tours. Le chemin qui nous mène à Villars-Heyssier, donne le ton de la suite du séjour. Passages rocailleux, virages en lacets et exercices d’équilibristes au dessus de creux et vides dans des cadres vertigineux, la marche est épicée. Mais nous récupérons, une fois arrivés à la fontaine du village. Petite rencontre des villageois depuis leurs balcons et d’une villageoise avec un très beau bouquet de fleurs.
Le retour se fait tranquillement et de retour au camp, nous retrouvons notre dernier membre de l’expédition. Julie, qui vient d’arriver en voiture depuis l’Ouest. Session baignade et rafraîchissement dans le torrent pour se délasser de cette première journée de joëlette. Petite révision du matériel avant que les choses sérieuses commencent !
Le temps plus clément nous permet de diner en extérieur et de préparer notre départ du lendemain en repliant le marabout et les tarps.
Sous un ciel étoilé et les esprits réchauffés d’humanité, nous rejoignons nos duvets bien chauds pour une bonne nuit de sommeil.
Lundi 8 juillet
Bon … premier jour de d’itinérance. Après un bon petit déjeuner et un prompt rangement, on part à l’aventure, sans Charlot … on verra pourquoi par la suite. Début de l’ascension par la route pour rejoindre la fontaine. La météo nous soutient avec son beau ciel bleu. L’équipe est en bonne forme.
Mais là, l’itinéraire se complique, nous rentrons dans les gorges de Saint Pierre. C’est magnifique.
Il ne faut pas avoir le vertige, le chemin est étroit taillé dans la paroi verticale (chemin technico-ludique selon Céline). C’est escarpé et rocailleux, l’équilibre est mis à rude épreuve mais la cohésion de chaque joëlette reste intacte. On apprécie la beauté de ce ravin avec ses cascades et mélèzes suspendus, habités de choucas et autres volatiles. Après quelques passages sinueux, nous avons compris pourquoi Charlot n’était pas de la partie.
Au détour d’une paroi, la pause s’impose.
Petites graines et baignade pour les plus joueurs. Un pont en bois, des toboggans naturels et l’ombre des pins nous remettent d’aplomb.
Changement drastique de paysage. Les cailloux laissent place aux racines et le vide à un sous-bois de mélèzes verdoyant et bien piquant avec les orties. Cette montée en zigzag nous permet d’atteindre la superbe cabane forestière ou plutôt refuge de Congerman à 1857m d’altitude. Au sortir d’une jungle de végétation et sous les fleurs rayonnantes des Cytises, une clairière se dévoile avec fontaine, tables et transats.
Tout le monde profite du repas et d’une longue sieste qui s’ensuivit. Les éléments perturbateurs ont fini ce moment de quiétude par une bataille végétale et aquatique.
On se remet alors en selle avec joie grâce au bel accueil de Béné et d’Alain qui tiennent le refuge. Alain nous a d’ailleurs accompagné jusqu’au premier virage farouche.
La fin était proche, on nous l’avait annoncé. Quelques racines et quelques cailloux et le col était à portée de vue. Et enfin, on retrouve le camion et Charlot. Céline nous accueille avec un bon goûter. Petite respiration pour chacun et l’on se retrouve tous autour de la table à préparer le repas. Moment toujours convivial.
Dans la fraicheur du soir ce bon repas chaud est le bienvenu, surtout le brownie chocolat beurre de cacahuète avec des cacahuètes, qui clôture le festin.
La soirée se termine théâtralement avec Elliot qui par inadvertance coupe, un peu plus qu’il aurait fallu, les ongles de Matt Matt. Une petite blessure et un grand fou rire général.
Allez, la vaisselle, au lit et à demain.
Mardi 9 juillet
Départ pour deux nuits de bivouac. Certains étaient plus enthousiastes que d’autres. Il faut dire que les fauteuils roulants restent au camion et que les sacs à dos s’alourdissent. A peine partis que l’on monte, et que l’on se perd. Mais pas de souci, Emilio vient à la rescousse. Une bonne montée en pleine forêt en équilibre et à la fraiche. Après une bonne suée, nous débouchons sur le plateau du Pisse-en-l’air. La pause s’impose de nouveau mais sans graines. La vue par contre est imparable sur les gorges de Saint Pierre et le début de notre itinéraire.
Changement radical de paysage. Tels des funambules, nous marchons à petits pas entre terre et vide.
Les obstacles technico-techniques s’enchainent, les sols se dérobent et Olivier le mineur pioche des chemins à flanc de montagnes.
On redescend sur terre à l’ombre de quelques mélèzes pour déguster les superbes barres de céréales confectionnées par Céline. Après une petite ascension hors-piste, nous atteignons le col à plus de 2400 mètres d’altitude. Pause repas et longue sieste avant d’entamer la descente.
Une fois dans la vallée, nous joëlettons sur une prairie verte où de colline en colline, nous espérons apercevoir le lac tant attendu avec la cabane du berger.
Il a fallu travailler sa patience mais voilà enfin le lac qui se dévoile dans le creux de falaises encore légèrement enneigées. Un chamois sur le petit col nous y accueille. Olivier et Emilio partent en reconnaissance du bivouac. Nous autres profitons de cet instant, protégés du vent pour siester ou observer les vautours, les chamois et les marmottes.
Une fois trouvé, le campement s’installe au bord du lac.
Toilettes derrière la butte, tarps qui battent au vent et cuisine améliorée grâce aux sacoches de Charlot. Nous partageons un super diner avec nos voisins les bergers. Le ciel se découvre laissant place aux étoiles. Chacun bien au chaud dans son duvet s’endort.
Mercredi 10 juillet
Réveil en douceur pour une journée tranquille avec une petite balade d’après Olivier … ahahah ! Une fois le camp plié et stocké à l’abri sous une toile nous partons sous un ciel bleu.
Matinée agréable en haut des falaises avec des vues imprenables dans le fond de la vallée habitée de brebis et de cascades. L’objectif de la journée est d’atteindre la cabane en contre-bas pour déjeuner.
La descente est longue et ludique mais surtout en hors piste. Une attention particulière pour Charlot qui a le torse blessé par les morsures de taons, des petits soins sont nécessaires.
Rivière en cascades et enfilade de vasques. Ambiance paradisiaque pour savourer un taboulé accompagné de jambon fumé et de fromage.
Baignade « intégrale » pour certains et petite trempette pour les plus frileux, ce qui n’était pas le cas de Martine. Chacun, à son rythme, explore les alentours et ce cours d’eau peuplé de truites et (malheureusement pour Julie) de grenouilles.
Bien reposé, la digestion à peine entamée, il faut se remettre au charbon. Petite côte pour se remettre en jambe et apprécier d’autant plus le chemin roulant qui s’ensuit.
Nous rencontrons enfin le troupeau de brebis que l’on entendait depuis le haut des falaises. Nous réveillons Ismaël le berger de sa sieste et les patous viennent à notre rencontre. Bien heureux de venir nous renifler et chercher des caresses, il n’en est pas de même avec Charlot. Celui-ci ne se démonte pas, il n’en a rien à faire, et désabusé des aboiements des patous s’en va fendre le troupeau pour libérer le passage. Fou rire général au milieu d’une mer de laine.
Après ce petit moment de détente, nous commençons à visualiser de « pire en pire » ce mur que nous savions venir depuis le matin. Sans rien craindre nous nous y élançons. Soit ça passe, soit ça passe. Attentifs à chaque cailloux, les cuisses et les mollets qui chauffent, la respiration s’accélère, arrêts inopinés de Charlot, c’est le travail d’équipe qui nous emporte au sommet. Béquillés, effondrés nous récupérons.
La fin du trajet est roulant et la fin est proche mais la fatigue se fait sentir. Petit piquage de nez pour Marie sans aucune raison apparente. Il fait bon de revenir au camp après une petite balade « tranquille ».
La vie de camp se déroule tranquillement jusqu’au début du programme télé. Un documentaire animalier en direct sur la gestion de troupeau de moutons par les patous, les chiens de berger et les ânes. Et oui, Charlot rencontre un compère. Il y a de l’animation et on rigole bien. C’est un très beau spectacle. Petit apéro et soupe péruvienne sous le soleil couchant. Pierre-Yves et Emeric, les bergers, nous rejoignent un magnifique plateau à la main, lamelles de bœuf séché tout droit venu de Suisse. Le programme télé continue avec les acrobaties de Marius, Salomé, Mayana et Elliot qui s’abime le nez. A la fraîcheur de la nuit tombée, cette belle journée s’achève.
Jeudi 11 juillet
Réveil en douceur avec Léon, le chien du berger, et les vautours fauves qui profitent de la lumière matinale pour nous offrir un ballet aérien. Rangement du bivouac. Dernières histoires de Pierre-Yves auprès de la fontaine de sa cabane.
Il est temps pour nous de rejoindre le col pour sortir de cette vallée paradisiaque. La technique nous gagne et on dépasse les obstacles avec élégance … plus ou moins.
Béquillés à fleur de col, il est temps de la pause barre de céréales. Un délice unanime. noisettes, amandes, sésame et graines de tournesol dorés au four puis mélangés avec des raisins secs, du beurre de cacahuète, du miel et surtout beaucoup d’amour. Ces barres d’énergie nous donnent des ailes.
Commence alors la descente vers le camion. La première section d’abord périlleuse et rocheuse nous transporte vers une prairie moelleuse où l’on s’installe pour le repas. Une énième sieste bien appréciée avec une vue de ouf. Et c’est déjà l’heure de repartir.
Nous alternons passages en sous-bois, au frais à la lumière diffuse et bien roulant, avec une chaleur écrasante et une lumière éblouissante au travers de ravins vertigineux et … pierreux.
Malgré l’étroitesse des passages qui nous obligent à sécuriser Charlot, on est aux aguets pour notre sécurité mais aussi à la beauté des lieux.
Plusieurs cascades ont parsemé notre traversée. Un sentiment de légèreté nous enrobe alors que l’on rejoint le camion.
Nous retrouvons avec joie Jean-Jacques et Dominique qui nous avaient quittés depuis mardi matin. En effet, dès le lundi après-midi, Domi avait montré les signes d’une grande fatigue et pour cause... La covid, l’avait complètement anéantie.
A peine arrivés, les passagers retrouvent leurs fauteuils et la table installée est très vite envahie par l’atelier cuisine. Le tipi et des tarps se montent en prévision de quelques gouttes de pluie potentielle.
Dans cette petite clairière entourée de mélèzes, on s’y sent comme à la maison. Un bon repas chaud laisse place aux festivités de la soirée. Entre jeux et danses, les liens créés s’expriment dans la bonne humeur. Le campement s’active et s’éparpille pour bientôt laisser place au calme de la nuit.
Vendredi 12 juillet
Pour une fois nous écrivons à la lumière du jour. Ce dernier jour. Ce matin, nous nous réveillons tout sec sous les grondements du tonnerre. Le rangement est très efficace pour garder le matos au sec. Au programme ce matin, redescente et retour au torrent du Plan. Le temps est joueur, il alterne entre averses et couverture nuageuse.
C’est le bal des capes et des cirés de pluie. Nous déambulons parmi des champs de fleurs aux odeurs variées et couleurs vives. Les rochers sont peuplés de lavande, thym, sarriette et de magnifiques lys orangés et d’orchidées. Le chemin est un peu "botte-cul" pour les passagers.
Au détour des virages, nos regards portent jusque dans le fond de la vallée, qui nous ramène à la « civilisation ». Le temps incertain nous pousse à dépasser une prairie sympathique pour faire une pause graines et croquants dans le cœur du village de Ondres à l’abri d’un tarp tendu.
Certains préfèrent le repos au bord des bancs tandis que d’autres partent à la découverte de la chapelle. Elle ne paye pas de mine mais recèle bien des surprises. Magnifique parquet, bibliothèque communautaire, piano à soufflets sur lequel Emilio, Alix et Julie tentent de nouvelles mélodies. Assis sur les bancs, on contemple les belles peintures, sculptures et bouquets de fleurs du chœur.
Dernière mise en selle pour rejoindre le Plan qui est à deux pas d’ici. Nous y retrouvons Céline avec le camion pour un déjeuner, attablés.
L’après-midi commence par un décrassage général dans les eaux pas très fraiches du torrent d’à côté. Quel bonheur ! Puis nous partons visiter "vite fait" Colmars les Alpes après avoir vu son joli pont.
On a eu le nez creux car à peine arrivés c’est l’averse, à grosses gouttes cette fois. À l’abri sous une arche de la vielle ville, alignés comme une brochette, on laisse passer le grain. Nous visitons quelques échoppes avant d’aller arroser ce super séjour autour d’un verre dans un bar face à une porte de la ville médiévale.
La pluie nous arrose bien de nouveau une fois de retour au camp. La soirée est marquée par une belle énergie partagée. Chacun s’exprime sur ses ressentis du séjour, nous remercions grandement Olivier, Emilio et Céline pour l’organisation de cette très belle semaine. Tous trois remerciés par un cadeau-souvenir de leur engagement.
Demain, chacun repartira vers de nouveaux horizons, emportant dans leurs bagages la bienveillance, la simplicité de la rencontre et le partage qui ont fait de ce séjour ce qu’il a été pour les semer chez soi.
Nota Bene : ce compte rendu a été écrit par Félix et Julie intégralement sur des cartons de plaques de chocolat noir 70% et chocolat lait (au lait français) de la Biocoop consommées durant les déjeuners. Nous avons tous dû nous dévouer pour manger à grandes peines, ces carreaux de chocolat afin de permettre l’écriture de ce récit. Merci à toute l’équipe.