Raid O bivwak 2017

Octobre 2019 Antenne de l’Ain

O bivwak 2016, O bivwak 2017. Il faut du temps entre chaque participation à un tel événement. Un an, c’est bien. Juste le temps d’oublier à quel point c’était dur, et pour resigner avec la même inconscience juvénile !

Nous voici donc en juin 2017, de nouveau embarqués dans cette belle galère ! Et pour ramer, on a bien ramé ! Cette année, Joan nous a rejoints tandis qu’Alex laisse sa place à sa chère et tendre compagne, Sandrine. Alex, averti depuis l’année précédente, a la mémoire tenace. Mais l’orgueil masculin lui interdisant l’usage d’une excuse de bas niveau, il fit preuve d’un grand courage en se fêlant une côte pour sa mise hors-jeu ! A charge de revanche, en 2018, on emmène le couple !

Le premier jour, à la Toussuire dans la vallée de la Maurienne, la météo fut avec nous ! Samedi après-midi fut copieusement arrosé par un soleil d’une générosité estivale et qui laissera à certain(e)s de belles traces rougeoyantes sur les peaux fraîchement sortis du printemps !

Devant la ligne de départ, la foule des participants est impressionnante. Et lorsque retentit le coup d’envoi, les quatre joëlettes inscrites s’élancent côte à côte avec le même enthousiasme naïf que celui d’un jeune souriceau se jetant dans la gueule du chat !

Chat pas ce que vous en penchez, mais notre pas non-chat-lent n’a pas duré. La chat-leurre nous transforme progressivement en chat-rogne ! Chat perlipopette, on tient bon le rythme ; on n’est pas venu jouer les pas-chats ! Toutefois, dans les montées comme dans les descentes, les commentaires vont bon train (et la joëlette aussi). Force est de constater que personne ne donne sa langue au chat…
Dans tout ce chat-rit-va-rit, tout le monde est rat-vie ! N’empêche, ça grimpe et ça descend mais-chat-ment !

Et lorsqu’en fin d’après-midi nous rejoignons le lieu du bivouac, on n’est pas cramés, mais tout de même bien cuits ! Chat crée journée !

Le bivouac, c’est toujours un moment convivial d’échange, de partage, de bonne humeur qui reflète bien cet état d’esprit entre simplicité et bonheur. Il en faut peu pour être heureux après une telle journée !

Et puis, la nuit tombée, quelle belle expérience que de vivre un orage diluvien bien au sec sous la tente ! C’est une ambiance toute particulière, et les connaisseurs s’en délectent. Les profanes seront en revanche peut être plus inquiets de cette première expérience !

Au petit matin, les efforts de la veille sont bien inscrits dans les corps et la bruine pluvieuse n’arrange pas la situation. Démarche chat-loupé de rigueur !
La canicule du jour précédent laisse place à la fraîcheur printanière. Chat me va bien !

Deuxième jour difficile pour Sandrine qui est bien enrhumée. Emmitouflée dans une grosse doudoune, shootée au Doliprane, elle prendra tout de même place dans la joëlette avec une belle abnégation. Malgré la fatigue, les maux de tête, l’inconfort des secousses, elle conserve admirablement une attitude positive.

L’attitude, c’est ce qui fait la force et la cohésion d’une équipe.

Dans les moments difficiles, si un seul élément commence à douter, critiquer ou se plaindre, c’est tout le potentiel du groupe qui est mis en péril. Et de l’esprit de cohésion, nous en avons eu bien besoin ! Les sentiers détrempés, boueux et glissants nous ont donné bien du fil à retordre et quelques frayeurs aussi. Particulièrement, il restera gravé comme un souvenir impérissable entre nous, le franchissement d’une côte extrêmement raide transformée ni plus ni moins en infâme champs de boue. Quelle force et quelle détermination il aura fallu pour en venir à bout. Rester positif, toujours y croire, insuffler l’idée du possible. Chacun a donné le maximum de ses capacités. Et ça, c’est la plus belle réussite d’un groupe soudé et d’une telle aventure. Quand cette volonté commune transcende chaque individu, on expérimente toute la puissance de la solidarité.
Ça nous en dit long sur le potentiel d’évolution de l’humanité si l’on favorise des systèmes coopératifs en lieu et place des processus de mise en concurrence et de prédation qui sont en cours dans notre monde contemporain.

L’avenir de l’Homme, c’est Ensemble.

Et finalement, après un peu plus de quatre heures d’efforts insensés (éloge de la douce folie), nous arrivons tout près du but. Petit clin d’œil de la vie lorsque nous passons à proximité d’un chalet joliment baptisé « la folie pure » ! Oui, il y a quelque chose de beau et de pur dans cette forme de folie douce.

Et c’est tous ensemble, les uns contre les autres, autour de Sandrine, que nous franchissons la ligne d’arrivée dans un état de fatigue passablement avancé mais heureux d’être allé au bout de cette belle aventure, soutenu les uns par les autres. On ne se dépasse jamais autant que quand c’est pour des êtres que nous aimons.

Cette histoire, une de plus, c’était une pause élégante et précieuse sur les territoires de « l’Authentique ». Et les montagnes aux alentours, gracieusement couronnées de nuages à la blancheur immaculée sont comme des frontières de pureté séparant ces beaux espaces de Vérité de ceux dédiés à la « pose » que nos sociétés imposent.
Aux confins de l’espace et du temps, se joue toujours un combat pour préserver le « Fond », cet essentiel, qui trop souvent s’éclipse au profit de la forme.

C’est là où tout se con-fond…
Et ce combat, il se situe avant tout en nous, au plus profond de l’Humain. Dans la résistance têtue à toutes les formes de paresse, de facilité, de ménagement, qui nous empêche de donner le meilleur de nous-même. Ce n’est pas un secret : L’Homme se crée dans ses mouvements de fond, profond. Le fond toujours, avant la forme. Être, plutôt que paraître.

Cherchant du fond de notre cœur
La vaillance d’être frères et sœurs
L’Ego qui nourrit le paraître
Ira doucement se faire mettre
Cela pour le plus grand bonheur de l’Homme

Qui ne se comportera plus en bête de somme !