NASBINALS – Les 8, 9 et 10 octobre 2021

"A bientôt sur les chemins !", c’est le rituel final de tout séjour ou joyeuse balade.
Et nous y revoilà. Cette fois nous étions sur une portion du Chemin de Compostelle. Très précisément à Nasbinals.

Village situé sur les terres d’Aubrac, aux prairies infinies, aux chemins bordés de murets en pierre sèche, avec leurs occupants – animaux et humains.

Arrivée prévue vendredi fin d’après-midi. Une grande partie du groupe est réunie dans une de ces bâtisses largement assises dans le sol pour se garantir du vent ou autre intempérie.

Nous y rencontrons une inconnue qui a entamé "son chemin" il y a une semaine. Partie du Puy-en-Velay, elle compte réaliser la totalité du trajet.
Christian D. qui l’a croisée en train d’installer sa tente, l’a invitée à prendre l’apéro et à sa réchauffer.

Personnalité forte, Jennifer, c’est elle, est prête pour tous les enthousiasmes.
Un peu plus tard, nous l’invitons à partager notre repas du soir, puis – il fait froid et humide dehors à 21 heures ! - nous lui proposons de venir dormir au chaud. Quelques lits sont inoccupés dans nos chambres, alors… Et bien sûr le petit déj du samedi matin.

Et pourquoi ne pas profiter d’une belle journée avec les joëlettes (qu’elle ne connaît pas) ? Réflexion rapide : elle a planifié 20 km par jour et quelques retrouvailles avec ses rencontres sur le Chemin. On l’emmènera en voiture au point qu’elle a prévu pour reprendre son itinéraire. Vendu.

Ce samedi, nous découvrons alors le dernier modèle de joëlette à 2 roues. Est-ce encore une joëlette ? Oui, mais. Passer dans une goulotte entre 2 cailloux – avec contour et détour – que faire de cette deuxième roue qui va forcément buter sur la caillasse ?

Question confort pour le passager ou la passagère, il y a un réel avantage. Le siège s’abaisse devant les roues, on peut s’asseoir facilement, plus besoin de porter celui ou celle qui a des difficultés à se mouvoir. Ensuite, il suffit de relever l’ensemble – siège et accoudoirs s’ajustent impeccablement.
Très bien tout ça, y a plus qu’à essayer. On y passera tous, tous.tes les passagers.ères : Chloé, Evelyne, Floriane, Joëlle, Nicole et Sandy, et aussi Nicolas, handi marchant non-voyant.
Maintenant qu’on a bien essayé, il faut ranger le joujou ! Et, oui, c’est ça fabriquer de la frustration ! On la prendra demain, sur une partie plus roulante… pour 2 roues !

Tout le monde est fin prêt. Nos "bonnes vieilles" joëlettes, on est tous d’accord, c’est quand même mieux pour nos sorties.

A 6 joëlettes, on se fait un peu remarquer. Des marcheurs ont l’air de connaître la joëlette : au-delà du bonjour, ils vont jusqu’aux compliments et encouragements. Jennifer ne tarit pas de ses éloges et remerciements, toute le journée.

Sur le GR65, on croise des jacquets (pèlerins du Chemin), plusieurs ont marché ou croisé notre invitée. Ça papote, encore et encore. D’autres arrivent et ça recommence… Franck s’acquitte de la mission qu’il s’est donnée, faire connaître HCE.

Déjeuner bientôt, oui, mais ça se gagne ! "Là-haut, tu vois le petit arbre, et ben, juste après tu tournes à droite et après c’est la maison en haut de la colline" nous explique Patou, native du coin. "Et ben qui c’est qu’a dit que c’était pas loin pour qu’on mange ?"… La réplique laisse un silence, vite rompu par un "Faut mettre les cordes !". Et oui, ça se mérite de s’asseoir sur un promontoire avec panorama à 180°.

Quelques rapaces tournent un moment, les joëlettes posées trouvent "repreneurs" pour croquer le sandwich ou déguster une salade peut-être encore fraîche, vu la température du jour… Au soleil, on est vraiment bien. Des pâtisseries circulent, une ou deux bouteilles aussi… Vidées, les sacs seront moins lourds, n’est-ce pas ?
Une torpeur incite à la position horizontale.

Les meilleures choses ayant une fin, le signal de la position verticale et dynamique impose la remise en route.

On ouvre les barrières, on les referme et quand c’est nécessaire, on dépose les passagers.ères qui se faufileront dans les sas étroits en bois tandis que les joëlettes passeront par-dessus les barbelés.

Mais 6 joëlette s, il ne faut pas perdre le rythme, c’est la chaîne, on soulève, franchit le barbelé, réceptionne de l’autre côté pour finir carrément "stockées" sur le bitume, se soutenant les unes les autres.

Quelque rare protestation : "Ne mettez pas ça sur le site, je ne veux pas être complice !" De l’autre côté, pas dépitées plus que ça, quelques passagères feront un bout de chemin à pied tant que le sol et le pentu le permettent.

Mais bon, de nouveau les sentiers avec quelques flaques mouilleront à peine les chaussures légères. On remet les cordes.
La colonne des marcheurs s’étire, les pauses sont indispensables pour que tout le monde se rassemble et aussi, permettre à Nicolas de parcourir ces km accidentés. Il est franchement doué, volontaire et efficace.

Notre but de balade nous emmène sur un sommet avec point de vue à 360°. La table d’orientation c’est toujours fascinant à observer. Petite grimpette pour Nicole et Evelyne, et Nicole n’hésite pas à se rouler par terre pour passer sous les barbelés. Pour les autres, la chorégraphie est variable et… variée.

Une statue de la Vierge (N.D. de la Sentinelle) est bien encadrée dans ses grilles…

Le soleil se fait moins fort. Nous avons croisé des chevaux qui rejoignent leur pré de repos.

Question animaux on a été gâtés : chevaux, moutons, vaches, taureaux et taurillons nous ont permis de faire des pauses. Les bruns clairs de leur robe les font se fondre dans le paysage. Leurs cornes recourbées, avec une touffe de poils au milieu, leur donne un petit air à la mode, bien court sur les côtés et ce surplomb tout dru !

On en a profité sur le retour pour visiter la charmante église romane Sainte-Marie, site classé à Nasbinals. A l’entrée au sol, une grande coquille réalisée avec galets et pavés ainsi que du métal. La dimension est impressionnante.

Nous sommes bientôt rentrés dans notre hébergement, c’est maintenant la préparation du dîner. Et le temps aussi, plutôt agité, des douches avec portes qui claquent, soupirs de bien-être plus ou moins bruyants… qui ne font qu’annoncer une soirée non moins effervescente.
Juste avant, Jennifer a souhaité rejoindre son gîte d’étape pour retrouver des compagnons croisés lors d’étapes précédentes. Je crois que nous aurons une belle recrue lorsqu’elle aura donné une nouvelle orientation à son chemin personnel.

On se retrouve tous autour de la table bien sûr, tandis que la grande gamelle où se prépare l’aligot va épuiser quelques forces, heureusement renouvelables.

Tandis que Patou y ajoute du fromage, une autre scène s’ébauche. C’est l’anniversaire de Chloé. Le repas, assez bruyant et bien arrosé il faut le dire, avec les blagues d’Alain qui lui-même se tord de rire avant d’avoir fini de les énoncer, on se trouve dans un concours d’hilarité.

En fin de repas, lumières éteintes, arrive le gâteau d’anniversaire pour Chloé – aux multiples petits choux à la crème… Chloé très émue, n’en revient pas… Applaudissements, taper du pied, une somme bien sonore vous dis-je !

L’horloge tourne, demain il y a encore quelques km prévus. Alors les plus fatigués se retirent pour la nuit. La soirée continue jusqu’à ce que la raison l’emporte : demain il fera jour, et tout ce qui va avec !

Dimanche matin, la partie continue. Cheminement plus léger, paysages de pâtures sous un soleil qui tarde à se montrer. Le vent rend le pas plus tonique. Et toujours les belles ruminantes blondes d’Aubrac…

Notre merveilleuse guide, Patou, nous a concocté un trajet qui nous permet la halte de midi dans la jolie propriété d’une de ses connaissances.

A l’abri du vent, calés contre les murets de la terrasse ou contre la maison, les estomacs réclament une fois de plus. Se la couler douce, couvre-chef rabattu sur les yeux, on n’est pas loin des ronflements.

A nouveau se secouer des torpeurs digestives et on reprend les chemins. Jusqu’à la très belle cascade du Déroc, très fréquentée. C’est dimanche, il fait beau, milieu d’après-midi, tout est propice au tourisme.

D’ailleurs l’un de ces touristes est embauché pour faire la photo du groupe. Laurence a prêté son appareil. L’improvisé photographe a mal visé ou bien est doté d’une mauvaise vue, ou encore est-il déstabilisé par nos bruyantes manifestations ? Il a appuyé sur "vidéo"… On va récupérer ça…
"Notre" photographe s’est précipité pour faire la photo, donc il ne sera pas dessus.

Puis, comme c’est devenu un autre rituel, une "lutte" s’engage pour déchausser Loïc.

Nous verrons un tout autre spectacle quelques km plus loin entre un taureau adulte et un jeune taurillon qui se frottent le museau et se câlinent doucement. Merci la vie !

Ça sent la fin du mini-séjour. Les joëlettes sont repliées et rangées dans la remorque tandis qu’une grande partie du groupe vient remplir les gamelles individuelles des restes d’aligot, de salades de carottes et autres betteraves, de fromages et saucisse sèche. Il n’y eut aucun reste après cette distribution.

C’est le moment de charger les voitures et des "au revoir".
Là, cerise sur le gâteau, personne ne s’y attendait à cette apparition.

Bien décontracté, Manu nous a fait la surprise de sa visite. Quel plaisir et quelle émotion ! Tapes dans le dos et accolades, des "comment vas-tu ?" bien plus sincères que ne le veut la simple politesse…
Il va bien Manu. Il nous invite – pas tous à la fois bien sûr, "mais un petit groupe, c’est ok !". Alors à bientôt Manu et vous tous aussi "A bientôt sur les chemins"…

Evelyne