Haut Verdon - 15 au 22 juillet 2023

25 janvier Reportages

Carnet de voyage de Xavier Do

Dimanche 16 juillet : départ !

Quelque part, dans la yourte, un réveil persistant sonne le début de la journée.
Et ce n’est pas n’importe quelle journée.
C’est la première d’une semaine qui s’annonce riche, belle et montagneuse !

Elle s’annonce aussi riche en blagues de qualité variable. En effet, la sonnerie est immédiatement suivie de la première blague de Laurent, à plat ventre dans son incroyable sac de couchage à manches.

La fin du petit-déjeuner est aussi celle des clafoutis apportés par Sandra, notre intendante, et le début de la queue pour le coin toilettes : il s’agit de profiter au maximum des douches et WC. Si nous savons déjà que nous redormirons ici dans une semaine, le doute reste entier quant aux installations des 5 prochaines nuits.

Les consignes de notre guide, Olivier, pour un départ matinal sont scrupuleusement suivies (...) et c’est donc à 9h30 que l’équipe commence à se rassembler pour les instructions joëlettes. En attendant que les derniers rejoignent le cercle, on sent déjà que des liens solides et fraternels se nouent grâce à d’habiles questions sur le transit matinal des uns et des autres (Elo&Esther©).

Avec un seul nouveau marcheur dans le groupe, le topo est vite expédié, d’autant plus que le nouveau en question, Baptiste, a déjà fait de la joëlette. Le topo est surtout l’occasion de rappeler que :
 les joëlettes peuvent être maniées avec souplesse et subtilité (“caresser les brancards”)
 que le confort des passagers est la priorité
et qu’on peut faire tourner l’âne Immentso avec un doigt habilement placé à hauteur de la fesse gauche (celle de l’âne, hein).

Et c’est donc enfin l’heure du DÉPART pour :
 nos 3 passagers : Martine, Laurent et Florent
 notre handi-marcheur Benjamin,
 nos 5 AEM (il n’en fallait pas moins, vu le groupe) : Olivier, Valentin, Sandra, Baptiste et Emilio
 et les autres (ça sonne mieux que “le reste”) : Bastien, Laure, Elodie et Émilien (le benjamin du groupe), Myriam, Charlotte, Elodie et Esther, Marie et Christophe, Fabrice et Xavier.

Après une section de route goudronnée, le chemin se poursuit par un sentier au milieu des mélèzes. La journée se passera en grande partie sous couvert forestier avec quelques traversées de prairies. Les sous-bois sont de grandes étendues d’herbe verte régulière qui confèrent une atmosphère très douce aux sentiers. Les peuplements d’arbres ont visiblement subi des attaques d’insectes (scolytes) et quelques tempêtes, ce qui n’empêche pas d’apercevoir notamment un magnifique sujet au bord du chemin avec une circonférence de plus de 2 mètres. Comme dit Laurent : “Pas d’malaise, c’est des mélèzes”. J’approuve.
Déjeuner en bordure d’alpage à la cabane de Nancière, avec une des traditionnelles salades de Hareng Cap Échalotes. Un souci de pénilex est géré pendant la sieste et le groupe descend vers le gîte de la Fruchière où nous retrouverons Sandra.

En chemin, nous croisons une accorte bergère au patou menaçant. La bête aboyante (je parle du chien) se prénomme Hercule. Elle comprend d’instinct qu’elle n’est pas de taille face à notre âne Immentso et choisit bravement d’aller aboyer plus loin. La bergère nous met en garde pour la journée du lendemain : en continuant vers le lac de Lignin comme nous l’avons prévu, nous allons croiser de nombreux patous, autrement agressifs. Nous prenons note et poursuivons notre descente.

A l’arrivée, l’équipe met la patte (nettoyée) à la préparation d’un chili con carné odorant. Et c’est par petits groupes que les uns et les autres vont se rafraîchir à la rivière voisine. Émilien, le plus jeune de l’équipe, qui a souffert de ses chaussures neuves en fin de journée, trouve un second souffle pour la baignade.

Le dîner est bienvenu, succulent et abondant. La soirée est l’occasion de réaliser qu’Emilio pourrait être le fils d’Esther et Olivier, que Charlotte a de solides affinités avec les gâteaux au chocolat et que Fabrice a un vrai talent pour le Skyjo (3 parties gagnées sur 3 jouées).

Tard dans la soirée, la vallée s’endort au son de la voix de Laurent qui lance vers le ciel sans lune ses ultimes éclats de rire. Un peu plus tard, un fauteuil s’avance à travers l’alpage à la lueur d’une frontale, puis fait demi-tour et s’arrête sous un arbre : Laurent a choisi de dormir à la belle qui mérite vraiment bien son nom ce soir.

Lundi 17 juillet

Quelque part, dans la vallée, un âne persistant braie le début de la journée.
Le réveil qui a été devancé de quelques minutes est immédiatement bâillonné.
Dans la clairière du gîte de la Fruchière, un jour nouveau et glorieux se lève.
Il est salué par les traits tirés et les mines bouffies des randonneurs qui émergent lentement de leurs petits tas de tissu informes, moites et humides… Il a l’air glorieux, le réveil.

Aujourd’hui, le programme est on ne peut plus excitant : on part faire le tour de la Molle. Et ça commence dur avec une jolie série de 3 montées. On s’encorde direct. La première pause a lieu devant une petite vasque de toute beauté dans laquelle Myriam, Baptiste, Benjamin et Xavier vont piquer une tête. L’eau est turquoise, limpide et surtout glacée. Du coup, ils en ressortent vite fait, sauf Benjamin qui prend quelques poses (dont j’attends la réception pour les placer à cet endroit du récit !)

Les paysages de la journée sont plus sévères que la veille. Les ascensions successives nous ont sortis de la forêt et nous sommes maintenant sur un terrain beaucoup plus dégagé. Au-dessus de nous : des sommets lunaires et des surplombs rocheux taillés par l’érosion, sarclés ici et là par un couloir improbable qu’un cours d’eau disparu a gravé dans la pierre.

Les lieux n’en sont pas moins fréquentés et notre chemin croise deux troupeaux, le premier dès le départ, le deuxième une fois arrivés sur le plateau dégagé. Alors que nous approchons de ce dernier, 3 chiens de bonne taille se détachent du troupeau pour venir à notre rencontre : 2 patous et 1 berger d’Anatolie. J’entends derrière moi Olivier et Emilio admirer la prestance de l’animal, alors qu’en moi, une voix crie “Mais dégage, gros tas !!!”. En effet, quelque chose en moi est préoccupé par ses larges mâchoires et son allure décidée qui ne laisse pas de doute qu’il saura s’en servir si on ne lui plait pas. Heureusement, on lui plaît et il s’en retourne à son troupeau. Affectueux, les 2 patous viennent nous renifler et sont rejoints par une horde de border coolies et leur berger. Les coolies sont sympas, joueurs et adorent s’essuyer la langue sur nous. Martine se trouve donc lavée une deuxième fois jusqu’à ce que Charlotte parvienne à les captiver à l’aide d’un appareil photo et d’un bout de bois (talent !).

Un peu plus tard, nous déjeunons devant le lac de Lignin, sur un plateau battu par un vent frais. Il nous fait oublier que le soleil cogne et qu’il cogne dur, le bougre. Un à un, les marcheurs retrouvent une position qui leur est chère : allongés sous une serviette ou un châle, toujours prêts pour une siestoune.

Le trajet de l’après-midi est modifié pour éviter des ravines hasardeuses. La marche sur le plateau se déroule dans une odeur subtile et changeante, mélange de coriandre et d’estragon. Probablement l’odeur du trèfle sauvage. La redescente se déroule entre une frayeur pour Laure qui se fait rudoyer par Immentso alors qu’Esther le soigne, des étirements dans l’herbe pour Laurent, quelques pas défoulatoires pour Florent, une carcasse de mouton nettoyée par les vautours, une 2ème rencontre avec les bergers et une arrivée vers 18h au gîte où nous retrouvons Elodie et Émilien, restés en arrière pour la journée.

Baignade, découpe de légumes et apéro précèdent le dîner de couscous-tofu et cookies vegans concoctés par Sandra (Émilien tient à rappeler ici qu’il en a mangé 5) (je ne suis pas sûr que ce soit lui qui en ait mangé le plus).

Les tables se transforment en tripot avec un coin Skyjo, un coin Pikomino et un coin-che. La fin de soirée est l’occasion de féliciter Baptiste pour sa liqueur de mélèze, de terminer les verres qui traînent et d’observer que 2 bols de couscous + 4 cookies, en fait, c’est un peu lourd sur l’estomac (mais c’est sûrement la faute des 6 tranches de concombre avalées en entrée).

Après quelques suggestions drôles et loufoques de bonnes résolutions pour le dîner de demain, nous repartons dormir pour la deuxième et dernière nuit à la Fruchière.

Mardi 18 juillet - Quelque part, en route vers Beauvezert.

Dicton local et populaire : “Where do you go ? Somewhere, Bover there.”
Hymne local : “Beauve ze rainbow”.

On vient de s’arrêter au bord de la falaise pour déjeuner. Sandra n’est pas avec nous pour marcher aujourd’hui, mais elle parvient quand même à nous soutenir dans l’effort par une salade de 1ère catégorie qui nous rassasie merveilleusement (lentilles corail (cuites et refroidies !), carottes râpées (diversement !), amandes grillées, figues sèches, poivron rouge cru et jus de citron) (pour tous ceux dont moi qui voulaient se souvenir de la recette !).

La matinée a commencé tôt pour tout le monde sauf pour Esther&Elodie© ;P Du coup, on parle pas trop de prout au petit-déj et, comme Marie me le fait remarquer, j’ai donc la chance d’avoir un petit-déjeuner calme, c’est-à-dire sans vannes. C’est cool. Mais ça manque un peu aussi… (Heureusement, elles ne liront ceci que bien après la fin du séjour) =)

Descente douce en joëlette au départ. Les mélèzes ont cédé la place aux épicéas.

Faire une randonnée sportive avec une équipe de personnes sympathiques et engagées pendant 6 jours, ce serait déjà une semaine formidable. Mais l’expérience HCE va bien au-delà et 2 échanges simples et rapides dans la matinée me le rappellent.

En équipe joëlette avec Martine et Myriam. Martine m’explique ce qu’est la paralysie cérébrale qui est à l’origine de son handicap. A la naissance, le cerveau du nourrisson se trouve privé d’oxygène pendant un long moment. Du coup, des cellules essentielles disparaissent. Elle précise que le petit être peut supporter 3 minutes sans oxygène sans qu’il y ait de séquelle. Je prends un temps de silence pour considérer cette information.
TROIS minutes. SANS oxygène !!! Sans cette substance essentielle dont même un adulte soumis à de fortes émotions ne peut que difficilement se passer plus de 60 secondes… Et là, un enfant, qui vient de vivre le bouleversement de tout ce qui a fait son monde pendant 9 mois (c’est dire s’il est chamboulé, émotionnellement parlant) supporte 3 minutes sans oxygène. C’est dingue. Perdu dans ces pensées, j’en exprime la synthèse à voix haute :
“La Vie est formidable.”
Une petite voix douce et tranquille me répond :
“Pas toujours.”
Mes yeux reviennent au présent et se re-posent sur Martine qui vient de prononcer ces mots depuis sa joëlette et me regarde aussi avec son très beau sourire et ses yeux profonds.

Un peu plus tard, on se pose pour le repas. J’aide Florent à descendre de sa joëlette. Je lui demande : “Ça va ?” alors qu’il s’accroche à ma main pour garder son équilibre. Il me répond, direct, avec sa gentillesse spontanée : “Oui, et toi ?”
Ça me fait rire d’abord. Et puis, avec un peu plus de temps, ça vient m’interroger sur la relation qui se met en place entre nous. Pourquoi ça m’a fait rire qu’il me demande si moi ça va.

Nous déjeunons sur une avancée rocheuse avec un très beau point de vue sur la vallée en contrebas. Le soleil tape et nous sommes plusieurs à trouver refuge sous des couvertures ou à l’orée de la forêt. Alors que nous repartons, un vent frais se lève. En lançant un “Merci les Éléments !”, Olivier verbalise cette reconnaissance que nous éprouvons tous. Il l’exprimera chaque fois que le temps nous fera cadeau d’une atmosphère plus clémente.

L’après-midi est technique :
 dans une pente, la joëlette de Laurent verse à proximité d’un chardon
 celle de Florent se trouve en posture délicate dans un fort dévers
 après une pause en bas d’une longue pente, nous suivons une piste confortable. Un petit sentier mal fagoté part en perpendiculaire plongeante sur la droite. “On prend à droite” déclare Olivier depuis l’arrière. “Ha ! Ha ! Ha !” réponds-je. “Non mais vraiment”. “Gloups.” La pente est raide, les pieds dérapent, les joëlettes tiennent !

On pose le bivouac sous des mélèzes où Sandra nous attend avec le camion. Un champ d’herbe à côté fera un parfait combo “observatoire de la voie lactée - coin dodo”.

L’apéro est le moment de se requinquer, certains avec une bière, d’autres avec un temps de repos comme Laure, mordue à l’épaule par Imenso qui est décidément assez soupe-au-lait.

La croziflette du dîner est saluée par tous et honorée avec brio (parcimonie et modération ayant été jetées dans un ravin), en particulier par Baptiste et Benjamin qui, coïncidence troublante, seront aussi les premiers à aller se coucher…

Un petit Skyjo, quelques blagues de Laurent (“Pon Foyache !”, “Sa Prûle !” et Python Tuile, mdr), un scénario délirant sur les laxatifs supposément mélangés dans la croziflette par Sandra et tout le monde file au lit sous les étoiles !

Petite note : depuis quelques jours, j’ai un assistant qui me rappelle sa vision des faits marquants de la journée. Espiègle et amateur de cookies, ce petit lutin mutin va m’aider, je le sens dans la rédaction de ce journal…

Mercredi 19 juillet

Bon. On va pas épiloguer sur le petit-déj. Nous avons simplement remarqué que :
 les confitures de Sandra et de sa Maman sont excellentes (merci aux 2 !)
 Elo et Benjamin aiment discuter à coup de pommes de pin dès la première heure du jour.

Nous partons vaillamment sous les encouragements de la plus ancienne des habitants de Villars Heyssier qui nous confirme que les ânes passent SANS PROBLÈME la passe des gorges de Saint Pierre que nous nous apprêtons à traverser (“Pensez-vous, ils le font depuis des siècles !!!). Elle émet par contre de sérieux doutes sur notre capacité à y faire passer des joëlettes. Nous écoutons patiemment cette vénérable Cassandre jusqu’à ce qu’elle se rappelle qu’en fait, elle a un velouté d’asperge à terminer et qu’elle se retire dignement dans son antre.
Si elle avait pu savoir comment cette journée allait se dérouler…

Quelques centaines de mètres plus loin, nous arrivons au point de départ de la piste mythique (roulement de tambour) des GORGES DE ST-PIERRE !!!

Cette journée se déroule principalement à flanc de gorge, sur un petit chemin étroit déposé, Dieu sait comment, au milieu d’un mur vertical. Les premières centaines de mètres se déroulent sans encombre, jusqu’à un petit pont posé au-dessus du vide. Tout le monde passe. Tout le monde ? Non ! En queue de procession, Immentso refuse de passer. Après 3 tentatives douces puis 3 autres un peu plus musclées grâce à une corde passée autour de l’arrière-train de l’âne, il faut se rendre à l’évidence : effrayé par le vide qu’il aperçoit à travers les rambardes du pont, Immentso ne veut pas passer aussi, Immentso ne passera pas.
Notre âne fait la mule.

La décision est prise de lui faire rebrousser chemin tandis que les joëlettes vont poursuivre à travers les gorges. Valentin se charge de le ramener au point de départ où Sandra se trouve encore avec le camion. Nous nous séparons et nous observons Valentin, de l’autre côté du pont, s’éloigner avec Immentso par cet improbable chemin suspendu entre 2 verticalités. Tout semble bien se passer et nous reprenons notre route.
Il faudra en réalité 2h à Valentin pour faire parcourir à un Immentso velléitaire le chemin fait en 20 minutes à l’aller. Puis encore 1h pour essayer de le faire monter dans le camion avec Sandra. Immentso, visiblement, n’est pas en train de vivre le meilleur séjour HCE de sa life. Et il le fait sentir.

Pendant ce temps-là, le gros de la troupe (je ne parle pas que de Benjamin, là) poursuit son petit chemin à ras de montagne. Les paysages sont vertigineux et le passage fréquenté. Nous rencontrons ce jour-là plus de monde que pendant tous les autres jours du séjour rassemblés.

Nous faisons halte en-dessous d’une 2ème passerelle qui surplombe un petit ru accessible. Le ruisseau est frais, attirant, et forme un petit toboggan avant de s’étendre dans une vasque qu’il a creusé dans la roche. Nous sommes une petite dizaine à en profiter et à piquer une tête ou un bassin.

Nous sortons de la gorge pour entamer une montée lente, longue et douloureuse (16 virages dira Elo) qui a tout de même le bon goût, après un passage dans une clairière de hautes herbes, de nous laisser juste à côté du gîte où nous allons déjeuner.

Le gîte est constitué d’un hameau de 4 maisons dont 2 semblent abandonnées. Mais le couple d’hôtes a de la gouaille pour 6 et ils ont aménagé les abords de façon tout à fait avenante, surtout pour un groupe de randonneurs épuisés par la dernière montée. Nous déjeunons autour de 2 tables de pique-nique et puis c’est l’heure des traditionnelles 2h de pause !!!! ^^ (pas si traditionnelles que ça hélas… peut-être que l’auteur essaie de faire passer ici une suggestion). Coinche, sieste et accro-yoga sont au rendez-vous !

Nous repartons à… 16h ! Sans avoir goûté la tarte aux myrtilles (soupir !) mais avec la promesse d’Olivier que nous ne sommes qu’à une heure du lieu de bivouac. Le chemin redevient aussi fin qu’en début de journée, mais au lieu d’être suspendu entre 2 murs, il est maintenant en travers d’une pente raide qui forme plusieurs ravines. Les passer en joëlette se révèle assez épique et nous nous retrouvons à 5 pour aider chaque véhicule dans ces 3 passages délicats.

Finalement, nous retrouvons le couvert des arbres et nous avançons sur une pente qui nous mène au col de l’Orgeas, lieu choisi pour accueillir nos petites fesses fourbues et notre grande envie de sommeil !

La journée a été belle et bien remplie, chacun en ressort avec une émotion ou un moment fort :
 les passagers ont apprécié la ballade qui était magnifique (pour Martine), technique (pour Laurent) et conviviale (pour Florent)
 Émilien a été fort impressionné par Olivier qui a enchaîné bonds de cabri et coup de pouce musclé pour assurer le confort des joëletteurs dans les passages difficiles
 Emilio s’est chié dessus de trouille (mais on le suspecte d’avoir un peu dit ça pour faire plaisir à l’auteur qui cherchait des retours un peu sensationnels après une telle journée) (merci Emilio ; ) )
 Florent a beaucoup apprécié la discussion avec un berger
 Sur une échelle de 1 à 5, l’adrénaline de Myriam est montée à 5 quand elle a vu Elo et - Xavier échanger de position sur la joëlette dans un passage étroit du ravin
 Benji a vraiment apprécié la baignade dans la vasque-toboggan
 Fabé a eu un moment privilégié pendant un arrêt dans les gorges, sous un nid d’hirondelles qui s’élançaient dans le vide
 Elodie a beaucoup apprécié la pause au gîte dans un cadre privilégié
 De nombreux touristes ont vraiment apprécié le passage d’HCE et ont demandé des flyers. L’un d’eux s’est même encordé dans une montée. On n’ira pas les retrouver, mais gageons que nous avons été le meilleur moment de leur journée !!!!
 Pour Elo, le bain dans le petit ru a été un vrai moment énergisant avant la montée infernale
 Pour Laure, la sieste au gîte à côté de Martine a été un moment à part
 Pour Esther, c’est une discussion avec Elo qui a été une petite perle
 Pour Bastien, ça a été de marcher avec Benji
 Valentin et Sandra ont eu un gros moment d’émotion lorsque le licol de l’âne s’est cassé, au moment où ils essayaient de le faire entrer dans le camion
 Côté positif, Myriam a apprécié la traversée des gorges avec les filles
 Xavier est heureux d’avoir eu une journée variée avec des paysages différents et de bonnes émotions tout le long
 Émilien revient pour me dire que tout bien réfléchi, voir Olivier gambader, c’était chouette, mais le meilleur moment de sa journée a tout de même probablement été quand il est arrivé au gîte et que tout était préparé pour lui avec une boisson sucrée décapsulée et prête à être avalée. (Ici, l’auteur note une intervention de Benjamin qui, en entendant le récit émouvant de ce meilleur moment, pose la question : “mais quand est-ce que tout n’est pas préparé pour toi ?”. Jetons un voile pudique sur la réponse qui fut faite et souhaitons à l’oncle comme au neveu de trouver la juste réponse à cette question sensible. ^^)
Et là, l’auteur réalise avec effroi qu’il n’a pas récolté ou au moins pas écrit les impressions d’Olivier, Charlotte, Baptiste, Marie et Christophe…
Honte, rage, sueur et trépidations !
(Rien que ça.)

Aussi, voici pêle-mêle quelques-unes des autres impressions anonymes récoltées en cette fin de journée. Nos 5 manquants à l’appel se retrouveront peut-être dedans :
 l’accro-yoga au gîte (ça semblerait être Marie)
 la coinche au gîte (ça pourrait être Charlotte ou Baptiste qui n’a pas beaucoup perdu de manches à la coinche…)
 le chat rencontré au gîte (je ne pense pas que celle-ci soit d’Olivier)
 les passages dans les ravines (ça, ça pourrait être Olivier)
 le passage au-dessus des arbres abattus (Christophe ?)
 la confiture banane-rhubarbe sortie de derrière les fagots au petit-déj (Christophe !)

Arrivé au lieu de bivouac, Fabé propose un jeu. On démarre en cercle et il s’agit de se toucher les mains les uns des autres. Je sais, ça paraît pas fifou décrit comme ça, mais on a été nombreux à apprécier ce nouveau temps convivial et vivant : une super idée !

Et là, je lis dans mes notes :
“Cher cahier, c’est l’heure de l’apéro ! “ Jusque-là, c’est normal et c’est de ma main. Mais la suite est plus surprenante et n’est pas de mon écriture :
“coucou petite chatte, miaou miaou, c’est GÉNIAL !!!!”
Certainement un message venu d’ailleurs que je m’en vais méditer. Merci à E….r. =P ^^

Jeudi 20 juillet, Sainte Marguerite d’Antioche, on y va à fond les baloches !

Bon.
On parle souvent des journées, mais rarement des nuits dans ce cahier. Pourtant, il y aurait beaucoup à en dire : sur le choix des places pour dormir, sur le choix des voisins, sous arbre ou au clair de ciel, seul ou en groupe, etc.
Cette nuit, l’attraction principale a été… le vent ! Un vent fort et frais qui a joué toute la nuit avec les cimes des mélèzes environnants. Une vraie berceuse et un régal pour s’endormir.

Le matin apporte sa nouvelle confiture quotidienne (poire-vanille en ce jour, miam), ses discussions plus ou moins élevées et son lot de blagues. Voyez plutôt.

Aujourd’hui, on cause spiritualité / réincarnation (c’est pas toujours aussi relevé) (nan mais je précise pour pas que les lecteurs qui découvrent se fassent des idées !) :
 Quelle est la hiérarchie des formes de réincarnation ?
 Qu’ont fait ceux qui sont réincarnés en moustique (et que dire des concombres de mer)
 Renaître en arbre, c’est plus ou moins valorisé qu’en animal ? Le débat s’engage sur ce point. En étant arbre, on peut faire pousser des racines profondes, ce qui est plutôt chouette, mais d’un autre côté on reste immobile toute une vie durant...

Pour Laurent qui sirote son café à la paille les réponses à ces émouvantes questions sont toutes trouvées :
“Moi de toute façon, je suis athée.”
Benjamin le reprend :
“T’es plutôt acafé, non ?”
Rires de Laurent qui manque de s’étrangler avec sa paille.

Un peu plus tard, dans une pente assez abrupte, Esther est encordée devant Marie qui est encordée devant Xavier aux brancards de la joëlette de Laurent, équilibrée par Christophe.
Esther à la corde annonce : “Marche !”
Xavier répète pour Christophe : “Marche !”
Laurent, hilare et assis dans la joëlette nous crie : “Bon ça va, j’ai compris !”
Lol.

Mais on va en reparler de cette pente, parce que j’ai quand même deux mots à en dire.
En début de marche, nous repassons par le gîte où nous avons déjeuné la veille et nous sommes accueillis par les gérants débonnaires qui nous ont préparé deux petits paquets : des parts de tarte à la myrtille et aux abricots (merci Fabé de t’être rappelé de la 2ème, je n’avais de papilles que pour la 1ère !). L’émotion est vive et les remerciements nombreux. Ce cadeau inattendu nous gonfle à bloc et c’est heureux, car quelques mètres plus loin commence la fameuse… MONTÉE VERDOYANTE, TRAÎTRESSE ET INTERMINABLE !!!!

Imaginez la scène :
Sous un joli couvert forestier, vert tendre, et herbu à souhait, la pente s’étend, lascive. Le marcheur pressé s’y méprend, hâtif ! Car dans ce décor bucolique et paisible, elle se ferait passer pour un petit faux-plat, et donnerait l’impression aux tireurs qu’ils n’avancent pas bien vite sur un chemin roulant, alors qu’elle monte, la coquine, qu’elle fait suer, soupirer, douter, ahaner, reprend de plus belle à chaque virage passé et semble ne jamais vouloir s’arrêter…
Sur la fin pourtant, elle se lasse et, alors que nous dépassons les derniers arbres et qu’elle devient rocheuse, elle nous livre enfin son terme : nous débouchons sur le haut d’un balcon.

Nous déjeunons dans le creux d’une courbe du chemin, à l’ombre des arbres. Le dessert est somptueux : 2 parts de tarte en plus des carrés de chocolat habituels : Noël !!!

En après-midi, nous avançons sur un plateau depuis lequel s’étire une vue magnifique : nous sommes enfin en haute montagne et ce sentiment d’immensité, de vision large et de sommet est bienvenu.

Nous faisons une pause au bord du gouffre avec la joëlette de Martine qui goûte fort cette approche du vide. Depuis ce lieu, nous avons une vue imprenable sur le paysage et observons d’abord 6 chamois en file puis un chevreuil gambader sur l’immensité.

Le retour au col d’Orgeas se fait par un chemin qui longe des ravines avec des moments d’intensité ou de vertige pour les passagers comme pour les marcheurs. Benjamin qui marche sans bâton prend sur lui pour continuer à avancer en dépit des pierriers nombreux qui sont autant d’obstacles. L’appel du vide complique aussi la marche et il n’hésite pas à attraper le sac à dos de Valentin dans les passages les plus difficiles.

Le point de bivouac est déplacé car nous avons traversé un lieu beaucoup plus agréable que notre carrefour battu par les vents de la veille. Notre soirée est longue malgré la journée exigeante et elle voit défiler des pommes de terre aux carottes libanaises servies sur omelette, des Skyjos, des Tactiques, un Insider, de l’épicette et la mirabelle de Benjamin qui trouve de plus en plus d’adeptes à mesure que la fatigue des journées s’accumule… (mais qu’est-ce que ça va donner au dernier soir…)

Vendredi 21 juillet, “Dernier jour pour déclarer la TVA des SARL” annonce Benjamin, expert comptable de son état.

Ce matin, les mouches sont légions ; une petite pluie nous tombe dessus à l’improviste, juste histoire qu’Olivier nous monte un tarp en 2-2 ; Laurent, qui a attrapé un coup de soleil nous chante “J’ai attrapé un coup de soleil” avant de nous raconter la blague qu’il estime la plus drôle de son répertoire. Je m’en souviens encore, mais on ne dévoile pas les clous du spectacle, alors vous pourrez la lui demander lors du prochain séjour ! ^^

[Bon, dans la vraie vie, on est samedi 22 juillet, il est 10h40, je suis posé avec Fabé à un café de Colmars et je suis dé-fon-cé de fatigue. Vous êtes tous partis les uns après les autres, chacun avec son atmosphère, son projet, son trajet. Les fils de nos vies qui ont été subitement noués de façon serrée et intime repartent dans leurs directions tout aussi brusquement qu’ils avaient été rassemblés.

Ces fils ont été enroulés sur eux-mêmes. Ça a sué, ça a coulissé, ça a frotté, ça a tenu, ça a fait quelque chose de plus fort, de plus capable, de plus intense que tout ce que chaque fil aurait pu faire seul de son côté.
Et maintenant, les fils viennent de se séparer. Quelque chose finit. Plein de choses commencent. MERCI !!!! =D

Je suis allé sur la selle 3 fois ce matin, j’ai devant moi une viennoiserie que je n’ai pas la faim de manger (malgré mes fantasmes répétés pour un pain au chocolat aux amandes) et je vais probablement dormir 2 jours de suite, histoire que le coup de soleil que j’ai l’impression d’avoir pris au fond de la gorge s’apaise (rappelez-vous pour la crème solaire : on en met sur les oreilles et dans la gorge, toujours !). Je reprends, satisfait de vous avoir partagé cet état du moment qui vous rappellera peut-être votre expérience personnelle.

Hier donc. On part, l’âne se comporte étrangement : il va vite, se cogne au dos qu’on lui présente pour le freiner, traverse sans broncher des ravines quand même pentues, etc. La journée apportera son verdict : sa vue s’est affaiblie. Olivier partira en camion l’amener à une aire de repos où il passera des jours heureux. A l’heure où j’écris, il mastique probablement un peu d’herbe consciencieusement, en se demandant où est la troupe de clowns braillards mais sympathiques qui l’accompagnait (nous).

La descente commence dans la forêt, puis parcours des sentines de traverse sur lesquelles Émilien découvre 2 papillons rares que Baptiste identifie comme des Apollons (mais il nous a sûrement mitonné, comme pour les champignons Agaricus giganticus. Oué, oué, on te connaît maintenant Baptiste).

Émilien marche d’un pas particulièrement bon aujourd’hui. Il observe, relève, s’intéresse à tout ce Vivant que nous traversons. La pente nous mène à Ondre, petit village sans eau courante ni électricité mais avec des boules de pétanque publiques et des villageois sympathiques :
“C’est bien ce que vous faites !”
“C’est génial, bon courage !”
“Vous êtes supers !”
“Vous n’êtes pas mal non plus !” répond Laurent à cette dernière remarque émise par une souriante randonneuse.
Je me demande combien de ces personnes vont regarder le site HCE après nous avoir parlé.

Ondre donc, un village-rue charmant avec une magnifique maison dont une chambre, toute de bois, s’élance au-dessus du vide. La place du village nous accueille avec ses boules, et Florent-Fabrice-Olivier affrontent Elo-Émilien-Emilio. Florent trône vaillamment au milieu de la piste, sur une chaise chipée par Elo dans un jardin, avec le châle de Laure sur la tête pour le protéger du soleil.

Une fois Immentso arrivé, plusieurs d’entre nous visitent l’église du village et y découvrent une boîte à livres. Un panneau montre les photos de la dernière fête paroissiale sur lesquelles, les villageois dévorent à belle dent ce qui est sans doute une spécialité culinaire locale. Plus tôt, nous avons appris qu’un villageois a fait tendre un câble pour avoir l’électricité dans sa maison. Un sujet de polémiques à Ondre.
Nous retrouvons notre société avec ses tribulations, ses joies et ses déboires. Ondre sonne nos premières retrouvailles avec la civilisation dont nous nous sommes un peu écartés ces derniers jours.

Les secondes retrouvailles, sur le lieu du pique-nique, sont un peu plus rudes puisqu’il s’agit de 2 engins de chantier, rutilants de jaune, de bruit et de trépidation. Réactions diverses au sein du groupe, pour ma part je soupire.

Nous déjeunons au bord d’un petit ru. Martine s’offre un bain dans une vasque où Emilio la dépose entre les bras de Myriam. Nous sommes 5 autour d’elle. Elle occupe toute la vasque, bat des pieds, rit, éclabousse. Nous sommes 6 à exulter. Merci pour ça aussi.

Plus loin, le repas s’organise à l’ombre des arbres. La rivière coule, les machines s’éloignent, l’équipe HCE digère la dernière salade de Sandra, et aussi cette semaine d’aventures, d’efforts, de joies, de rencontres, de partage, d’intensité. Cette journée est la dernière d’un séjour hors de notre quotidien, extra-ordinaire, fatigante et régénérante.

L’après-midi se fait en pente douce jusqu’aux voitures à Colmars, jusqu’à une pinte de bière pour les uns, un jus de fruit pour les autres, des wanna-be punchs pour certaines et de la détente pour presque tous :
 Olivier part en camion amener Immentso à une aire de repos méritée
 Sandra s’attaque au dernier dîner : une dahl bat avec gaspacho et crème de marron-compote-cake, le tout arrosé -excusez du peu- de 6 bouteilles de champagne apportées par Benjamin (hips !) des cubys couvés par Esther (hips !) et une incroyable variété de liqueurs (mirabelle, mélèze, épicéa, sapin, etc) (bande d’alcolos, hips !)

La nuit en yourte se passe sans ronflements ^^ et au matin les fils se délient donc ;
 les uns repartent au travail
 certains retournent à leur famille
 d’autres célèbrent un taxi providentiellement pour 2 qui les emmène vers Sisteron
 Olivier et Emilio se préparent pour un autre séjour qui commence le soir même au Dévoluy
 Émilien s’est assuré qu’Élodie avait bien réservé une table au Léon de Bruxelles de Matougues pour un repas réconfortant
 et Martine attend de voir, aux aguets, si un autre séjour HCE sera possible pour elle cet été !

C’est la fin de ce journal de voyage. Il s’est passé bien plus que je n’en ai vu et je m’en remets à votre bienveillance pour les déséquilibres, les oublis ou les passages qui vous sembleront trop personnels.

Un immense MERCI à l’association HCE, à son bureau et à ses bénévoles de rendre ces séjours possibles. Vous nous donnez des opportunités de sortir de notre confort, de partager, de grandir avec les autres.

Un immense MERCI à Olivier et aux AEM qui ont guidé avec brio et patience (et à bon port !) notre petite troupe d’énergumènes !

MERCI aux passagers d’avoir supporté avec le sourire les pierres du chemin mal évitées, les rechanges oubliées, les manques d’attention qui surviennent parfois avec la fatigue… Sans vous, nous ne serions pas là. MERCI pour vos rires, votre énergie, "fos plagues", vos réponses et aussi vos questions, bref, MERCI d’avoir été là.

MERCI aux marcheurs d’avoir tiré, poussé, retenu, équilibré, rattrapé les joëlettes, et aussi d’avoir ri, plaisanté, joué, bref, MERCI d’avoir été là.

MERCI à Sandra pour son intendance magique, délicieuse, qualitative et quantitative (ai-je déjà dit qu’on avait bien mangé pendant ce séjour ?).

Bref, MERCI à Tous d’avoir été et d’être, vivement la prochaine !

Et comment ne pas terminer par un ultime merci à nos sponsors officieux :
 Skyjo
 la crème de marrons
 la pharmacie de Guillestre pour son alcool
 et le frère de Sandra pour son miel !!!!

Sospel, le 30 juillet 2023, Xavier Do.