Cap Corse - 29 août au 10 septembre 2023
Dans la nuit du 28 août, la tempête Réa a fait des dégâts matériels importants en Corse. Nous, l’équipe HCE Cap Corse 2023, avons embarqué quelques heures après la fin de la tempête. Coïncidence ? Je ne pense pas. Bien que tragique, cette tempête nous a amenés des températures fraîches et de belles vagues et explique les conditions météorologiques de l’aventure que je vais vous conter.
29 août : Rencontre en terrain Marseillais
Tout débute en milieu d’après-midi, au milieu de la gare St Charles. De rapides présentations au cœur de cette fourmilière géante et nous voilà embarqués dans nos 2 camions HCE et le 4x4 d’Olivier en direction du ferry.
Au départ, nous avions prévu de dîner à l’intérieur du ferry pour le confort de tous. Mais à croire que le confort ce n’est pas notre truc. Car, sans vraiment se concerter, nous nous retrouvons tous sur le pont à se délecter des dernières lueurs du soleil se réfléchissant sur la mer. Nous décidons alors de dîner dehors. C’était magnifique comme moment, comme rencontre finalement.
A la nuit tombée, nous allons nous réfugier dans le salon et Enzo débute ses tout premiers tours de magie.
30 août : Des vagues et des joyeux lurons
Nous débarquons à Ajaccio à sept heures et allons directement sur la plage la plus proche pour le petit déjeuner. Et là, bien que la magie ait débuté la vieille avec Enzo, je crois qu’une magie encore plus forte opère ce matin-là ; les roues dans le sable, les passagers sirotent leurs thés ou cafés, les yeux rivés sur le rivage. Les accompagnateurs, eux, s’amusent à tour de rôle, à prendre les vagues à la façon surfeur beau-gosses alors qu’en slip ou en culottes, ils ont plutôt l’air de fous roulants dans le sable au rythme des écumes. Julien, un passager -qui faisait son premier séjour-, nous confie avoir été surpris par la fluidité du moment ; « ça fait qu’un jour qu’on est là et tout à l’air naturel et c’est juste magique ». Il ne s’attendait pas à aller à l’eau dés le premier matin et dans d’aussi grosse vagues !
Après ce petit déjeuner bien sablé, on traverse la Corse avec nos trois carrosses pour atteindre le village d’Albo, au Sud-Ouest du Cap Corse. Et déjà, ça chante à tue-tête dans le camion et Christophe -incapable de prononcer une phrase- fredonne déjà en rythme avec nous.
Une fois le campement installé (dans l’endroit le moins ravagé par la tempête de la veille, merci Mr le Maire !), on enfourche les joëlettes pour une balade initiatrice pour les 3 novices.
Au dîner, on fête l’anniversaire de Camille avec un bon gâteau.
31 août : Dans la vie, il y a des maquis ! Aïe, aïe, aïe ! Ouille !
Le petit déjeuner dure, au grand désespoir de notre accompagnateur Olivier. Faut dire qu’avec les confitures de Jean-Pierre et le fromage soigneusement découpé par Domi -notre cheffe cuistot- on se régale tous les matins.
Nous démarrons la randonnée du pont de Martinache où on a été chaleureusement accueilli par un chasseur ; je cite « On fait une battue, on est vingt, si vous prenez une balle vous la gardez ! ». Finalement, on n’a pas pris de balles.
Ce jour-là, ont démarré les randonnées "griffantes". En effet, le maquis corse n’est pas des plus douillet pour nos mollets et nos bras avec ses ronces, ses chardons jaunes et ses genêts scorpions. Malgré ça, les joëlettes chantent telles des cigales. En effet, les novices, très motivés, s’approprient rapidement les bases de la joëlette.
On arrive à 14h à la fontaine Sainte-Julie, où Christophe a pu manger en paix dans sa chapelle sous les regards interloqués des touristes.
On finit par la longue plage de Nonza où la mer était encore déchaînée.
Enfin, la journée se termine par une baignade à la plage d’Albo, pour les plus téméraires seulement car la mer est vraiment impressionnante.
1er septembre : Nonza, nous voilà !
Le petit déjeuner est plus efficace ce matin. Nous démarrons la randonnée depuis Poggio pour rejoindre un sentier en balcon avec une vue splendide sur l’Ouest du Cap Corse. C’est un peu technique mais ça passe ; on avance et on prend plein de photos pour ne pas risquer d’oublier.
On arrive à midi au centre de Nonza, et là, un déferlement de générosité : un villageois nous propose son jardin pour manger, puis des passants nous aident à gravir la tour de Nonza en s’emparant des accoudoirs des joëlettes, des touristes nous offrent des glaces et une commerçante nous accueille le midi au pied de son magasin en haut de la tour.
Pour finir cette journée, on s’est encore baignés. Chloé, Christophe et Julien -des passagers- ont été à la mer, tandis que Michèle est restée sur son perchoir (joëlette). Enfin, Christophe finit par une sieste tout en style, Julien montre ses tablettes de chocolats (je marche sur ses abdos et fais de l’acroyoga avec lui).
Chloé rentre au campement pour se faire faire les pointes par JP et Mattéo apprend à râper des carottes.
Nous finissons par un tiramisu préparé avec beaucoup d’huile de coude et refroidi par la super supérette d’en face.
2 septembre : Père Yovann, raconte-nous les étoiles
Aujourd’hui, le camp a été levé presque efficacement. Le 4x4 déborde de toutes parts car ce soir c’est bivouac en haut des montagnes. Ce sera Jean-Jacques et Domi qui seront chargés de conduire le 4x4 au bivouac.
Ce matin, on tire. En effet, le chemin n’est pas technique mais il monte. Donc on est 3 ou 4 par joëlette et on tire.
Après la pause de midi, assaisonnée de tours de magie d’Enzo, on repart sur nos sentiers dégagés de tous cailloux. JJ nous rejoint en route, nous fait passer par un “super” raccourci. Là, il a fallu porter et tirer, on a bien sué juste avant l’arrivée au bivouac, merci JJ !
Ce soir, c’est la fête, en plus de la soirée bivouac, Domi nous a fait un super dessert bien de chez elle, des galettes charentaises ! Miam !
Une fois la nuit bien tombée, Yovann s’assoit au milieu de la joyeuse troupe pour conter les histoires des étoiles. Et puis là, entre 2 mots de Yovann et les ronflements de JP, un appel : c’est Christophe qui demande que Yovann se rapproche de lui pour entendre les histoires. Alors Yovann s’installe tout près de lui. Je crois que ça lui a mis la larme à l’œil notre Christophe car il nous a confié le lendemain que c’était sa pépite de la journée.
3 septembre : La grande ruée vers l’est du cap
Le bivouac a été doux, le lever de soleil majestueux pour les plus lève-tôt.
On démarre la rando tranquillement pendant une demi-heure puis on bifurque sur le "chemin des lumières". Et là, je cite Olivier “il faut une mule à l’avant et quelqu’un qui gère bien à l’arrière”. On a sué, le maquis Corse nous griffant au fur et à mesure de notre ascension. On avance au rythme des “1, 2, 3” incessants pour synchroniser nos efforts. On monte doucement, mais sûrement, motivés par cette vue à 180° sur le Cap Corse et l’île de Capraia.
Après un déjeuner sous un soleil de plomb, on descend. Une bonne grosse descente jusqu’à la mer, de 14h à 19h. La joëlette de Christophe a dû faire des pauses à causes de gros fous rires. Le brancard a bifurqué dans les arbres à deux reprises à cause des problèmes de vues de Flo. Enzo, Flo et Christophe n’arrivent pas à s’arrêter de rire.
Dans la descente, une personne nous remplit nos gourdes dans sa maison cachée dans la forêt, son chien nous suit depuis Lapendina.
Nous arrivons à 19h chez Catherine, qui nous accueille dans son jardin pour la nuit, les bras remplis de Canistrellis. Maryline, une amie d’Olivier nous rejoint, les bras, elle, remplis de trucs d’apéros, de bières et de vin.
4 septembre : Une baignade ou un expresso sur la plage ?
Aujourd’hui, pour nous reposer de nos efforts de la veille : grasse mat’ puis baignade et pique-nique sur la plage "la Marine de Pietracorbara". On a pris le temps de se tremper les fesses comme Michèle, de nager, de sauter, de lézarder, de boire des expressos, chocolats chauds, des bières. Sur la plage, on nous traite comme des rois. On nous paye des coups, amène les boissons directement sur la plage (alors que pour les autres clients, ce n’est pas autorisé) et on nous remercie d’être passé par là. Je prends cette générosité plutôt comme une démonstration d’hospitalité corse, même si nos passagers sont impressionnants : Christophe a du style quand il bronze, Michèle, la dure à cuire, reste dans l’eau même quand la marée la submerge, Chloé a des looks de divas sur sa joëlette, avec sa peau halée et ses cheveux longs et Julien pratique l’acroyoga et le saut en hauteur.
Après un transfert en véhicule, on fait un petit bout de sentier jusqu’à une tour génoise,
puis jusqu’au camping où un heureux événement attend les vingt-trois voyageurs : LA DOUCHE !
Pendant le repas, Florence sort son microphone et chante Paroles de Dalida à travers son micro à Christophe qui se met à chanter avec elle. Un moment hors du temps. Et je suis certaine d’avoir vu Christophe décroché une petite larme.
5 septembre : Une montée par Cannelle, goût figue de barbarie
Nous partons du camping, traversons le port de Centuri puis nous montons à Cannelle. L’ambiance est à "la déconnade", on se prend pour des chevaux, on décroche les brancards des autres, on se taquine. On s’arrête deux minutes, pour goûter aux figues de barbarie enfin mûres. Certains récupèrent des épines dans la bouche : pas top ces fruits !
On continue le sentier, on s’arrête encore deux minutes pour admirer la plus grande bergerie troglodyte d’Europe qui , soit dit en passant, est très petite. Et nous repartons sur une ascension technique mais les conducteurs sont bien rythmés et motivés, alors ça avance bien. Huuuuh !
On trouve un super endroit ombragé pour pique-niquer. Emilio nous prépare des figues de barbarie. Sans épines : c’est meilleur. On traîne, on papote, on sieste pendant qu’Olivier essaye de négocier avec le maire un terrain pour la nuit. Faute d’en trouver un, Laurent nous accueillera dès ce soir dans sa paillote au bord d’une plage à Barcaggio pour deux nuits !
A l’arrivée, on se commande tous une Pietra avant de s’attaquer à la cuisine et la préparation du camp.
6 septembre : Direction le bout du bout
Une guêpe sirotant par le dessous une tartine de confiture de Flo. Une Flo piquée sur la langue par une guêpe. Alors que 3 d’entre nous restent à la paillote, les autres, zigzaguant à travers les vaches et le taureau en rut, se lancent à l’attaque de la pointe Nord du Cap Corse. Au bout du Cap, la vue est à couper le souffle.
Nous nous attardons dans une tour génoise.
Enzo se met à chanter dedans, ça fait fuir les touristes.
Après un copieux pique-nique, certains descendent à la plage, d’autres profitent encore un peu de l’ombre de la forêt.
Sillonnant entre les chardons, on longe la mer pour rentrer à la paillote. Ce soir, on se fait un resto. Au menu, Pietra, vin corse, pizza, frites, sans oublier notre bonne dose de bonne humeur bruyante !
7 septembre : Un sentier de douanier, une tour et de beaux pistachiers
Nous reprenons le chemin du bout du Cap Corse mais cette fois nous bifurquons à l’Est. En suivant toujours le sentier des douaniers si touristique. Nous atteignons vers les midis une belle tour génoise en ruine. Nous la contemplons quelques instants avant d’aller se réfugier en lisière de forêt de pistachier derrière une église pour la pause déjeuner.
Certains sont allés se baigner tous nus (chuuuut ! faut pas le dire..).
Une fois arrivés au camping à Macinaggio, après un jus d’orange et une pastèque, certains partent se baigner. Annick, increvable, tire la joëlette et porte notre Sahel nationale sur son dos.
Ce soir, on se délecte du Dahl d’Emilio et de la brousse corse dans la bonne humeur habituelle (et en faisant un peu trop de bruit…). Christophe en a encore défié certains au bras de fer ! Quels biceps !
8 septembre : Oh, le beau trou de balle… Oups, trou de bombe*.
Ce matin, ça sent la fin. Nous plions le camp et nous grimpons dans nos carrosses, direction les aiguilles de Bavella. Dans notre camion, ça chante la rue des lilas de Sylvain Giraud haut et fort.
Emilio nous quitte après le pique-nique pour le ferry. Ensuite, nous faisons une balade “très roulante”, c’est-à-dire jonchée d’énormes racines et de cailloux, en montée ou dans des ravins. On roule même sur Enzo, oups ! Tout ça pour aller admirer le fameux trou de bombe (renommé à l’unanimité trou de balle).
Ensuite, on reprend la route direction Propriano. On continue à chanter La rue des Lilas. Nous arrivons enfin au camping à 20h. Face au manque de place, nous dormons sur la plage.
Nous partons nous coucher en disant au revoir à Domi et JJ qui partent à l’aube amener les 2 camions à l’équipe HCE Corse Sud.
9 septembre : Sur la plage abandonnée, coquillages handicapés.
Aujourd’hui, pas de réveil. Nous sommes réveillés par les doux rayons du soleil. Qu’est-ce que c’est bon !
C’est tout doux comme matinée et pourtant, assez lourd car on se quitte bientôt. On charge le 4x4, on s’organise pour les navettes jusqu’au ferry.
En début d’après-midi, certains ont pris le ferry, d’autres sont restés sur l’île de beauté. On se dit au revoir en promettant de se revoir à l’AG.
Je (15) ne peux terminer sans vous parler des petits quelques choses qui provoquent une petite étincelle dans votre cœur, qui font que l’on se sent bien, heureux, à sa place dans ses séjours. Pour ma part, j’essaierai encore longtemps de me souvenir : des paysages entre mer, tours génoises et maquis, de la baignade naturiste de minuit de 20 à 70 ans, des chansons dans le camions accompagnées du fredonnement émouvant de Christophe et des réprobations énergiques de Julien, de la solidarité face aux problèmes de constipations, des brancards dans les arbres et des fous rires qui s’en suivaient, des nombreux « super ! », « formidable ! » que des inconnus nous susurraient à l’oreille en passant, des passants qui prennent l’accoudoir pour nous aider, des passants qui nous ont payés des glaces et verres, de la force tranquille de Chloé (1) et de son sourire tellement rassurant, des cours d’astronomie de Yovann (2) et de sa bonne humeur constante, des repas (surtout ses gâteaux) de Domi (3) et et des apéros de Jean-Jacques (4), des tours de magie d’Enzo (5), des railleries d’Olivier (6) car on est trop dissipés, puis de ses gouttes d’Hélychrise pour soigner nos hématomes, de la ténacité et la motivation de Julie (7) malgré son problème de genou, de la voix portante mais tellement chantante de Michèlleuh ! (8), d’admirer Lénaïk (9) chancelante entre deux cailloux, le sourire aux lèvres sans jamais se plaindre, de la gentillesse de Christian (10), des (très très) nombreux fous rires de Christophe (11) et de ses yeux qui sont capables de parler pour lui, des confitures et des coiffures de JP (12) et de sa passion pour le naturisme, des attentions et de la gentillesse sans fin de Camille (13) et ses superbes photos, des chants lyriques et les montages photos de Flo (14) et de lui prendre la main quand elle est perdue dans la nuit , de la bonne humeur et l’énergie contagieuse d’Annick (16), des punchlines toujours plus surprenantes de Michèle (17) et de sa force de caractère, des cris stridents de Sahel (18) puis de ses câlins inopinés, de la bienveillance infinie de Myriam (19), des jetés-coulés de Julien (20), suivis d’interrogations systématiques « est-il en train de se noyer ? » et de toutes les fois où il chantait quand on les oubliait « Oyez ! Oyez ! Handicapées abandonnés ! », de la timidité de Théo et Mattéo (21 et 22) puis leur ouverture crescendo, du Dahl d’Emilio (23) et sa faculté à être au bon endroit au bon moment.
Mais je crois que les adhérents HCE ont tous un point commun : l’espoir d’un monde meilleur, l’espoir d’un monde où on n’ignore pas les différences car elles sont là mais on fait avec, et même, on essaye d’en rigoler pour tous vivre la même aventure et ne laisser personne derrière.