Balcons du Mont Blanc du 30 juillet au 06 août

25 janvier Reportages

Les balcons du Mont-Blanc saison 2022 c’est avant tout l’histoire de l’hégémonie d’une dynastie qui aura su étendre son influence à tout un groupe au travers de la diffusion de sa joie et de sa bonne humeur. Tout a commencé par la réunion des troupes au camping du glacier d’Argentière lors du dernier week-end de juillet, une fin d’après-midi ensoleillée où les membres de cette nouvelle équipe auront pu faire connaissance les uns avec les autres autour de la grande table dressée dans le prolongement de la tente marabout sur l’emplacement qui allait devenir notre quartier général pour toute la durée du séjour, à proximité des commodités proposées par le camping et qui allaient nous assurer un confort optimal.

Cette première soirée sera l’occasion de rencontrer et d’apprécier la cuisine de nos deux supers intendantes qui ne manqueront pas de nous choyer à chacun de nos repas pendant lesquels Yannick nous transmettra quotidiennement les informations relatives aux journées à venir. L’occasion aussi de constater une nouvelle fois que, rassemblés autour de la bienveillance et de la volonté de prendre soin des personnes qui nous entourent, la force du groupe n’a besoin que de quelques instants pour se développer.

Après une première nuit qu’une partie du groupe aura décidé de passer à la belle étoile, face à ce Mont Blanc majestueux qui nous observe du fond de la vallée, et un premier petit déjeuner partagé au cours duquel nous auront pu goûter le délicieux miel de Félix, vient le moment tant attendu de monter les joëlettes et d’entamer notre journée d’initiation.

Découverte ou retrouvailles des sensations de pilotage pour les accompagnants, découverte du voyage sur une roue en tant que passagère pour Alex, première initiation à la marche alpine pour Alain en direction du chalet de Chenevier au cours d’une agréable journée où nous continuons de faire connaissances les uns avec les autres.

Pas de grande ascension pour cette première approche de la montagne, nous restons dans le cœur de la vallée et profitons des sous-bois qui bordent les alentours pour prendre nos marques sans grosse difficulté mais fédérés par la douceur d’une journée à la fin de laquelle nous avons déjà l’impression de nous connaitre depuis bien longtemps.
De retour au camping les automatismes continuent de se créer naturellement, chacun trouve sa place dans la vie de groupe, on apprend à connaître les habitudes et les besoins des passagers et des passagères pour y répondre du mieux que possible et on se prépare pour la grosse journée du lendemain qui nous emmènera jusqu’aux alpages de Loriaz, lieu notre premier bivouac.

Cette fois après le petit-déjeuner il nous faut préparer les affaires pour deux jours. Nous pourrons voyager léger pour la matinée puisque nous retrouverons le camion à midi où il nous sera donc possible de récupérer notre matériel de bivouac et de charger la nourriture pour le soir et le lendemain. Cette matinée sera aussi l’occasion pour Charlot de profiter d’une balade sans ses bâts et de rencontrer un couple de chevaux qui se laissera inspirer par la vie nomade de notre bel âne en décidant de s’échapper de leur enclos pour s’offrir un soupçon de liberté.

La véritable ascension commencera après un délicieux repas au bord de l’eau et nous pouvons compter sur l’aide de deux nouvelles recrues issues de notre famille dynastique si généreuse envers le groupe, Juliette et Clémentine. Les aptitudes d’Alain se développent au fil des heures et bien que la difficulté du chemin se fasse sentir il peut compter sur la patience de Baptiste puis sur les techniques innovantes de Rose, Elodie, Sandrine et Caro qui lui permettent de prendre confiance en lui et de trouver les ressources nécessaires pour arriver jusqu’au pied des aiguilles de Loriaz, face au panorama magistral que nous offrent les aiguilles d’Argentière.

Pour tout le monde cette journée aura été épuisante mais la beauté que nous réserve cette vue solennelle sur ces arrêtes rocheuses qui élancent leurs sommets jusqu’au cœur des nuages justifie tous les efforts nécessaires pour arriver jusqu’ici. Ces mêmes nuages qui s’illuminent lorsqu’ils sont traversés par les rayons d’un soleil sur le déclin dont la lumière se réfléchit ensuite sur les glaciers qui s’accrochent aux lignes de crêtes tout autour de nous. La chaleur d’un petit feu de camp nous permettra de partager quelques marshmallows grillés avant que le ciel ne se dégage pour nous laisser apprécier le vaste royaume des astres vu depuis nos 2300 mètres d’altitude.

Après avoir attendu le retour du soleil pour venir sécher nos affaires de la rosée du matin, direction la croix de Loriaz puis redescente par le vallon du Bérard jusqu’à la formidable cascade du même nom que nous prendrons le temps d’admirer avec chacun des passagers.

L’équipage du Laurent Express, dirigé par les inépuisables Yves et Vincent, décidera de rallier le col des Montets en courant où le reste de la dynastie désormais totalement unifiée viendra les retrouver pour savourer une délicieuse glace artisanale au chalet de la réserve naturelle des aiguilles rouges.

C’est aussi le point de rendez-vous avec le camion qui nous permettra une nouvelle fois de nous décharger de nos sacs afin que nous puissions traverser le hameau de Tré le Champ d’un pas léger avant de rejoindre notre quartier général avec le sentiment de revenir d’un long voyage duquel nous ramenons des images et des souvenirs merveilleux.

Plus que jamais la cohésion de groupe nous enveloppe d’une bienveillance commune renforcée par l’effort partagé qui est le liant entre chacune des personnes qui le constitue. Car on ne le répète jamais assez mais rien de tout cela ne serait possible sans la présence de chaque membre de l’équipe. Les accompagnateurs entendent souvent les passagers leur dire que rien ne serait possible sans toutes ces personnes volontaires pour les tirer sur leurs joëlettes, mais sans passagers ni passagères à mettre sur les joëlettes aucune de ces magnifiques expériences ne verraient le jour.

C’est encore une fois la diversité des profils et leur complémentarité qui confèrent toute la beauté à ces séjours exceptionnels. Quel bonheur de voir Noah ou Baptiste et leurs 17 ans assister et participer à cet élan de solidarité au même titre que Joël et ses 65 ans ainsi que tous ceux qui se trouvent entre ces deux extrêmes, preuve nouvelle que ce n’est pas l’âge qui compte mais la force du cœur et cette envie de partager la beauté du monde avec ceux qui nous entourent.

Nous profiterons de la journée du mercredi pour récupérer un peu avant de nous lancer à l’assaut de notre deuxième bivouac, ça sera aussi l’occasion pour Jules d’intégrer la dynastie après avoir croisé notre route au camping. Il viendra pallier au départ de Juliette et Clémentine en nous accompagnant durant toute cette petite journée pendant laquelle nous nous baladerons paisiblement le long de l’Arve jusqu’au hameau de la Poya où nous serons chaleureusement accueillis par un des résidents heureux de pouvoir nous faire découvrir le four à pain traditionnel niché au cœur des habitations avant que nous ne trouvions un petit coin d’ombre dans les alpages pour y passer la pause déjeuner.
Vint ensuite le temps du dilemme pour notre nouvelle recrue, partir rejoindre sa famille ou rester avec nous pour le bivouac du lendemain ? Difficile de résister à l’appel dynastique de la grande famille HCE et Jules fera donc partie de l’expédition jusqu’au plan de Benoï où nous installerons notre second bivouac.

Cette fois c’est Robb et Christine qui viendront nous prêter forte et nous rejoindre aux Houches où une partie de l’équipe se sera rendue en train avant d’entamer une longue ascension vers le chalet de Chailloux. La piste d’abord roulante devient plus technique à mesure que nous prenons de l’altitude et nous pouvons bénéficier du soutien de quelques marcheurs qui se joindront temporairement au cortège.

En haut, le spectacle est grandiose. Le massif du Mont-Blanc étire ses sommets devant nous, les échelles de perceptions se confondent, nous cherchons des points de repères pour avoir une idée de l’immensité que nous observons. La couleur des glaciers évolue avec les changements de luminosité, le ciel se couvre et se charge de gros nuages, il nous faut installer le tipi et quelques tarps dans son prolongement pour nous protéger de la pluie à venir.

Nous aurons la chance d’éviter les orages et les grosses averses que l’on voit tomber devant nous. Des éclairs déchirent le ciel à l’horizon, la mélodie des gouttes de pluie sur les toiles qui nous protègent nous invite à apprécier ce confort rudimentaire qui nous permet d’être au sec, nous ressentons la souveraineté de la nature et notre petitesse face à la force des éléments.

Une fois la nuit tombée, nous recherchons cette fois les empreintes lumineuses qui nous laissent deviner la présence d’autres amoureux de la montagne quelque part sur l’un des nombreux versants que nous embrassons d’un regard songeur. La pluie s’interrompt, Yannick nous partage son dessert favori et nous nous installons pour une courte nuit, réconfortés par la tempête que nous avons évitée, bercés par des rêves que les sommets qui nous entourent nous invitent à élever toujours plus haut, par-delà les obstacles terrestres qui nous paraissent bien superflus quand nous nous tenons si proche de l’immensité des cieux.

Nous nous réveillerons au petit matin pour monter jusqu’à l’aiguillette des Houches et observer le jour se lever depuis le panorama le plus prestigieux qui nous aura été donné d’admirer durant toute cette semaine. La splendeur des montagnes nous éclabousse à 360°, partout autour de nous les roches ancestrales s’allongent vers l’infini, dessinant des courbes toutes plus gracieuses les unes que les autres.

C’est exactement pour ce genre de moments hors du temps que l’on prend part à la magie des séjours HCE. Voir Chloé, Alex, Laurent et Emily sur ce qui nous semble être le toit du monde c’est assister à un spectacle extraordinaire. Nous pouvons redescendre le cœur léger, la journée ne fait que commencer. Les passages techniques en joëlettes sont également un excellent moyen de se rappeler que l’important pour le bon fonctionnement d’un groupe ou d’une cordée, c’est la clarté et la précision de la communication. Pour passer les obstacles il faut avancer ensemble, être synchronisés.

Pour la dernière soirée, la gent masculine prendra le relais de Caro et Sandrine à l’intendance, sous la direction irréprochable de notre chef d’équipe Paul. So 2022. Nous nous rassemblerons sous le pré haut du camping afin d’être protégés de la pluie qui aura eu la bonté de nous épargner tant que nous étions en hauteur mais qui nous rappellera que le séjour n’est jamais fini avant la séparation des troupes.

Quelques infiltrations d’eau dans la tente marabout nous invitent à repenser toute l’organisation dans l’urgence mais c’est aussi ça que nous adorons avec ces séjours, combiner nos compétences pour faire face à n’importe quelle situation et réagir le plus habilement possible. Tout le monde dormira au sec et le lendemain matin nous lèverons le camp en regardant une dernière fois ce Mont-Blanc majestueux et son glacier lumineux qui aura été le témoin de nos aventures et qui occupera désormais une place bien particulière dans nos cœurs et dans nos souvenirs.