BALADE A AUZON dimanche 1er juin 2014

Pour un mois de juin, le vent du matin semblait un peu frisquet ; et le « plafond » un peu bas ; néanmoins le groupe était bien décidé à profiter de la moindre éclaircie. Tant mieux, il ne pleut pas.

C’est donc aux limites du Puy-de-Dôme et de la Haute-Loire que Manu a eu la bonne idée de nous amener. Petite montagne, sous-bois, ornières moyennes et gros cailloux.

A Auzon, très beau petit village, non loin de Brioude, nous voici dans un cadre daté par les archéologues de bien avant le Moyen Age. Auzon, c’est d’abord le nom du ruisseau qui coule à ses pieds, sur sa partie nord, alors que la partie sud est traversée par le Gaudarel. De celui-ci, nous ne pourrons guère en dire, on ne peut pas tout voir en une seule balade.

C’est sur la place d’Auzon que les courageux accompagnateurs mettent en place les joëlettes : 4 passagers, Eric, Sandy, Evelyne et Joëlle s’y installent et c’est le départ, juste après que Manu ait tenté d’expliquer quelques rudiments du maniement de l’engin. Pourquoi tenté ? Parce que l’écoute attentive n’est pas un réflexe premier dans un tel groupe ! Ca papote de partout, plus fort que le voisin pour que l’autre puisse entendre… Bon, ça ne fait rien, le départ est donné.

Le ton aussi est donné : une bonne grimpette, tout de suite, histoire de voir de quel bois on se chauffe dans le secteur. Alors ça souffle et ça s’essouffle pour certains. Nous gravissons le flanc sud, au pas régulier du randonneur, le village se montre dans sa globalité, perché sur une butte qu’il occupe tout entière - sorte de mini plateau de 700 x 40 m.

Son château, ses remparts et sa tour seigneuriale découpent la silhouette de l’ensemble. Bientôt, nous le verrons tout petit ; maisons et jardins tassés les uns sur les autres, ce village a la forme d’un vaisseau orienté d’est en ouest, au milieu duquel se dresse l’église dédiée à Saint-Laurent. Sa silhouette romane ramassée est surmontée d’un clocher carré.

Pour l’heure ça grimpe, les pauses sont fréquentes car les muscles n’ont pas été « chauffés ». Nous sommes une trentaine, le ciel s’est légèrement éclairci, la réverbération est forte, le vent s’est fait plus léger et fait illusion : à l’arrêt le soleil tape vraiment, les chapeaux de soleil ne sont pas un luxe.

Le cliquetis de la joëlette n’est pas si régulier en raison des nombreux obstacles et dénivelés qui obligent à de fréquents réglages.
Par-ci, par-là, une flaque d’eau inévitable quels qu’en soient les contournements. Alternance de chemins qui longent les champs en plein éclat de printemps, avec leurs prairies à hautes herbes charnues, puis des sous-bois qui nous mènent au sommet.
De là, nous avons un superbe point de vue sur le Cantal, paysages de collines et de plaines. Une table d’orientation claire et sobre dans son graphisme nous instruit fort opportunément… sauf, sauf Eric bien sûr ! Il connaît la région sur le bout des doigts et de sa langue qui ne se lasse pas d’expliquer que « aujourd’hui, le temps est un peu brumeux, sinon on verrait bien l’échancrure, là, entre les deux chaînes de montagne au loin, tu vois, là, juste au-dessus du pin ? ».

Foin d’explications, le groupe a faim, la grimpette a été longue, Sandy ne tient plus. C’est le moment de la pause déjeuner. Programme rempli, ascension terminée.

Après le pique-nique, ça ne sera que de la descente. N’allons pas trop vite ! Sandy, toujours elle, n’a pas oublié la bonne bouteille, d’autres distribuent des cakes salés ou en fin de repas, de superbes cerises juteuses de leur jardin. On est vraiment bien là…

Comme le temps passe, il nous faut redescendre. Sur les joëlettes, on a l’impression d’avoir le hoquet. Les « marches » à passer, le frein pour ne pas laisser s’emballer la joëlette… Est-ce la digestion ? Les voix se font plus rares, les conversations plus décousues.

Vers 15 h 30, nous rejoignons le village. A l’entrée des tables et des chaises d’un café nous invitent à une autre pause. Non, non, pas encore. Une jeune guide nous attend dans l’église – elle est très patiente, vraiment. Elle peut enfin commencer tandis que la majorité du groupe s’est installée sur les bancs, au frais – les joëlettes dans la nef.

Les explications et commentaires sont plutôt une succession d’anecdotes, selon les objets que nous découvrons : chapiteaux romans, christ en bois peint et vernis de grandes dimensions, petites statues de Marie enceinte (très rare !), d’un Saint-Pierre au pied rentré sous sa robe d’une grande finesse de sculpture, ainsi que les peintures médiévales et Renaissance.

Le portail, lui, a conservé sa « penture » (du 12ème siècle, les vantaux ont été conservés avec leurs ferronneries qui maintiennent les panneaux de bois et le revêtement de cuir de la porte).
Au gré du temps et des batailles, l’église a subi plusieurs modifications en raison notamment des éboulements de terrain. Une avancée du porche fait s’ancrer ses piliers à un niveau très inférieur, sur la rue.

Chacun pourra prolonger la visite à son goût puis rejoindre (assez vite, disons-le) les plus pressés ou les plus fatigués (?) déjà attablés devant une bonne bière fraîche.
Cheminant de l’église au bar, l’œil est attiré par les multiples détails sur les maisons du village : petits perrons et escaliers agrémentés de fleurs aux couleurs lumineuses, linteaux de portes ou de fenêtres gravés ou sculptés…

Il faudrait y passer 2 ou 3 jours dans ce village aux mille détails !

Bientôt 18 h, il est temps de rentrer : 1 heure de route environ, on n’a pas vu le temps passer.