Autour de Vaugneray, dimanche 11 octobre

Dimanche 11 octobre 2015 notre Gentil Organisateur nous attendait dès 9h30 avec 4 joëlettes devant le collège de Vaugneray, commune située à 350 m d’altitude sur les premières pentes des Monts du Lyonnais, pour la dernière randonnée HANDI CAP EVASION de la saison : direction Col de Malval (732 m) pour une belle boucle de 14 kms entre Vaugneray et Courzieu.

Au départ de cette grande aventure automnale (mais aussi à l’arrivée !), 35 amateurs de marche, d’altitude et …de châtaignes, ramassées et grillées in situ.

Des filles, des garçons, des jeunes, des moins jeunes, des sportifs et moins sportifs, des meneurs et des emmenés, bref des promeneurs tous motivés pour atteindre les hauteurs promises par notre guide Jean-Yves.

Parmi les randonneurs, on distinguait assez vite les novices et les initiés de la rando et de la pratique joëlette, les nouveaux et les fidèles transporteurs ou transportés, mais aussi les animateurs, âmes du groupe, handicapés ou non : j’ai donc retrouvé Kévin, grand fan de la joëlette, accompagné par ses parents, Patrick, un senior de la rando, marchant toujours en tête mais qui, fatigué, sait apprécier le confort de la joëlette au moment des pauses …. ; Brigitte, organisatrice et meneuse dynamique, infatigable et audacieuse, dotée comme Achille d’une vélocité exceptionnelle malgré sa vulnérabilité, soutenue par un bâton mais aussi par des compagnons de marche qui aiment la conversation et la taquinerie.

Le convoi s’est ébranlé doucement mais sûrement à la queue leu leu sur la route de Bordeaux (et oui, Vaugneray est à une vingtaine de kms à l’Ouest de Lyon).

Mais très rapidement nous avons quitté la grand’ route des coteaux pour le chemin de Bénévent (400 m), bordé d’arbres et de vieilles pierres, goudronné mais paisible : les groupes joëlettes se formaient au gré des envies et des compétences mais aussi des amitiés. Par exemple le groupe d’enseignants de sport avec Félix, Magalie et Isabelle, a maîtrisé très vite et avec beaucoup de gaieté la conduite mais aussi l’assise de leur joëlette, pendant qu’un groupe des jeunes stéphanois, retardés par le trafic lyonnais, arrivait à nous rejoindre au lieu-dit Le Rousseau, dans nos premières foulées. Pierre, malvoyant, découvrait la marche non citadine.

C’est d’abord sous un ciel d’abord brumeux et un air frais mais très automnal que nous avons rejoint le hameau de La Roche Cocu (450 m). La balade touristique a pris fin sur la route un peu plus loin : je l’ai appris moi-même à mes dépens puisque c’est au moment où précisément j’ai voulu pousser une joëlette pour tester mes acquis de ma dernière randonnée avec Handi Cap Evasion…au moment même où nous avons bifurqué à droite sur un chemin de terre très cahoteux et pentu qui ouvrait l’ascension du col de Malval.

Cunieux, c’est sérieux car, malgré le soutien moral de Clément que je venais de relayer, j’ai abandonné mes efforts au bout de …50 mètres, essoufflée et tétanisée ! Et j’ai d’autant apprécié me faire transporter par la joëlette quelques minutes plus tard, mais sur le plat, question d’user (pour expérimenter) sans abuser des bonnes choses.

Après, un joli dénivelé nous attendait jusqu’au col mais aussi l’heure du déjeuner : pas vraiment de pause car les joëlettes, pilotées par des groupes sportifs et dynamiques, s’envolaient vers les cimes à travers des sentiers étroits et bordés de …châtaigniers. Même la récolte des châtaignes n’a pas réussi à ralentir le rythme des randonneurs sauf celui de Christiane, qui attendait désespérément son amie (moi) lorgnant et butinant les belles et grosses châtaignes sous ses pas.

A 13h, arrivée au Col de Malval avec le soleil, au carrefour des routes de Vaugneray, d’Yzeron, de St Bonnet-Le Froid et de Courzieu … Mais L’Auberge de Malval n’était pas pour nous et nous avons dû prendre le sentier qui longeait l’auberge et qui au début surplombe la route de Courzieu…pour atteindre le Nirvana, pardon, le Crêt de Chevreau (876 m).
Jean- Yves avait programmé le pique-nique en ces hauts lieux avec sûrement comme objectif ambitieux mais sacré : digito caelum attingere.

J’avais rejoint le groupe formé par Clément, et Pierre qui avançait difficilement avec sa canne entre les arbres et leurs racines, rochers et épineux. Il était soutenu physiquement et moralement par notre ami Clément, un guide en or, patient, précis : sa voix était les yeux de Pierre, qui regrettait, sur le moment, un peu amèrement les rues de Lyon !

Brusquement les arbres s’élevèrent très haut en formant un toit aéré et éclairé : fini les pierres et les broussailles, place à la pinède et au chemin de terre brune et humide qui nous conduisit, fatigués et affamés, dans une clairière ensoleillée.

Assis sur de larges troncs coupés, nous attendait le gros de la troupe mais aussi un feu chaleureux (car le soleil disparut très vite) où grillaient les premières châtaignes dans les poêles apportées par de larges épaules.

Pierre avait retrouvé le sourire et devait se sentir bien courageux devant l’exploit qu’il venait d’accomplir ! C’était la fête, bien méritée par tout le monde.
Après avoir retrouvé des forces grâce à la nourriture et un peu de chaleur grâce aux marrons chauds, mais aussi grâce au café de Gilles et de Jean-Yves, vers les 14 h bien passées, nous prîmes la route du retour avec le soleil qui jouait à cache-cache à travers les nuages de brume.

Mais la palette des couleurs vives de l’automne réchauffait le paysage très arboré. On installa un Pierre, fatigué mais heureux comme un roi, sur une joëlette ! Nous plongeâmes avec ravissement dans la vallée profonde où, pleins d’entrain, nous retrouvâmes la route et les hameaux encore fleuris.

La descente de Chev(re)aux aux Jumeaux (700 m) a été savourée comme un dessert, puis après le Col de la Fausse (600 m) jusqu’aux Roches (460m) les plus courageux mais aussi les plus sportifs ont succombé à l’ivresse de la pente : les conducteurs de joëlettes comme les personnes handicapées n’ont pas pu résister à l’élan de la pente, évitant habilement les obstacles (racines et pierres) dans leurs courses folles…

Dans les champions de cette étape difficile, je citerai par exemple Serge et Brigitte. Je citerai aussi le courage de Murielle qui, malgré les douleurs dans sa jambe droite et son épuisement physique extrême, est descendue sans joëlette parce que toutes occupées dans ce moment périlleux et toutes devant dans l’ élan de la pente.
Grâce à un arrêt de ces chars un peu trop rapides, elle a retrouvé une place et des forces dans une joëlette, cédée par Pierre qui, lui, à ce moment-là voulait retrouver la liberté de ses jambes.

Mais il y avait aussi les randonneurs flâneurs sans joëlette à conduire qui, eux, ont pu freiner dans la descente pour admirer le paysage et qui traînaient très loin derrière la troupe…
On les a cru perdus mais certains en rebroussant chemin les ont retrouvés.
Quelques longues minutes plus tard, la troupe était au grand complet au niveau du hameau des Alouettes, entamant la dernière ligne droite, si on peut dire, avant l’arrivée : passage d’un ruisseau, remontée fleurie pour le sprint final.

Pieds endoloris, vêtements boueux mais sourire aux lèvres, on discute, on range, on plie les joëlettes, on se dit au revoir, on blablacare, les uns pressés par la route, les autres par le match de rugby.

L’aventure a pris fin vers 17h 30 sur le parking devant le collège. On attend avec impatience la prochaine, merci à tous ceux qui ont participé à la réalisation technique, dynamique, stratégique, gastronomique et sympathique de cette nouvelle rando.

(compte-rendu de Sylvie ravie d’avoir retrouvé Handi Cap Evasion).